Voyager au bout du monde sans contraintes : nous sommes nombreux à en avoir rêvé ces deux dernières années. Certains se sont résolus à remiser leurs valises et d’autres, les irréductibles, ont réservé, jonglé avec les annulations, et enchaîné les tests PCR pour visiter, masqués, des endroits déserts à l’économie en berne. Éprouvé par le virus, le tourisme mondial sort enfin de sa torpeur avec son lot de tendances et de nouveautés. À nous les destinations lointaines, les escapades dépaysantes, les retraites en tous genres et les road trip à vélo ! Les nouveaux crédos : flexibilité, spontanéité, bien-être et faible impact environnemental.
Alors qu’on pensait que le workation (séjour mi-travail, mi-vacances) avait le vent en poupe avant la pandémie, il s’avère de plus en plus décrié. Selon une étude récente réalisée par la plateforme Booking, 69 % des sondés affirment qu’ils banniront toutes les tâches professionnelles pendant leurs vacances cet été. Le développement du télétravail obligatoire a flouté les lignes entre vie professionnelle et vie privée : on ressent désormais un besoin plus vif de se déconnecter complètement de ses mails et de ses obligations professionnelles pour se consacrer à son entourage et prendre soin de soi. Si les nomades digitaux existent toujours, c’est plutôt pour naviguer d’un lieu de villégiature, à la mer ou la campagne, à un autre, qui appartiennent généralement à leur famille. On préfère aujourd’hui limiter la durée de ses séjours plutôt que de ne profiter qu’à moitié des activités enchanteresses qu’on s’est dégotées. Et tant pis pour la potentielle promotion, si le big boss veut multiplier réunions et brain-storming, cela sera sans nous !
Selon une étude Booking, 56 % des voyageurs français interrogés souhaitent « vivre des expériences authentiques et représentatives de la culture de leur destination ». Une ouverture au monde qui s’accompagne d’une envie de respecter l’environnement, de participer à sa protection et de partager des traditions locales. Cette tendance de consommation touche particulièrement les milléniaux puisque 71 % des jeunes souhaitent que leur argent profite aux locaux, en France comme à l’étranger. Des plateformes collaboratives, qui se basent sur un système d’évaluation mutuelle, ont vu le jour sur ce nouveau segment comme MakeYourTripBetter, qui met en contact touristes et habitants, ou Greengo.voyage, qui se positionne comme une alternative à Booking et Airbnb avec une offre de qualité, des commissions équitables et une juste rémunération des hébergeurs. Une nouvelle façon d’envisager les vacances qui risque de durer.
Avec la démocratisation des vélos électriques, plus besoin d’être un cycliste chevronné, à la condition physique irréprochable, pour pratiquer le cyclotourisme. Des sites comme Francevelotourisme.com recensent une multitude d’itinéraires accessibles à tous pour des vacances orientées nature ou culture. Les quinquas et leurs aînés seraient les plus friands de ce type de vacances nomades. Déchargés de leur progéniture, ils ont tout le loisir de sillonner les régions de l’Hexagone en fréquentant, hors saison, des hôtels de charme et des tables d’hôtes. Par ailleurs, les Français voudraient plus de flexibilité et de spontanéité dans leurs périples pour s’adapter à la météo, vivre à leur rythme et au gré des rencontres. Les régions les plus convoitées ? La Bretagne, la Vendée, le Luberon, la Camargue, mais aussi la Bourgogne. Une façon originale et écoresponsable de redécouvrir notre patrimoine et la richesse de ses terroirs.
Lassés d’avoir vu leurs voyages annulés, certains voyageurs sont devenus adeptes du trip stacking, une technique qui consiste à réserver un voyage avec des modalités d’annulation flexibles et à prévoir, dans le même créneau, un ou deux plans B, au cas où la destination initiale serait inaccessible. La plupart des professionnels du tourisme pensent même que le besoin de flexibilité restera la norme post-Covid. Aujourd’hui, les réservations sont généralement annulables jusqu’à 15 jours avant l’arrivée, contre 2 à 3 mois auparavant. Heureusement pour les voyagistes, ce besoin de sécurité est contrebalancé par l’envie de spontanéité qui favorise les voyages de dernière minute. Autre tendance, le friendcation, dont les milléniaux sont friands : des vacances en France et à l’étranger rythmées par des sauts de puce, en squattant un canapé ou une chambre d’amis. Histoire de se rattraper après les longues séparations dues à la pandémie, de ne pas dépenser trop et de se laisser porter par l’imprévu.
La majeure partie des Occidentaux étant vaccinée contre le Covid, et surtout de plus en plus encline à « vivre avec », la plupart des destinations touristiques rouvrent leurs portes. Après cette période de vache maigre, notre envie d’escapades dépaysantes n’a jamais été aussi forte. Le cabinet anglophone McKinsey & Company a même inventé une expression pour décrire cette soif de liberté de mouvement : le revenge travel. Nombreux sont ceux qui veulent revoir leur endroit préféré du monde ou carrément casser leur tirelire pour faire le voyage de leur vie. D’ailleurs, Pâques a été une période florissante, cette année, pour les voyagistes et les taux de réservation ont excédé ceux en cours avant la pandémie, ce qui est un très bon indicateur pour l’été. Fini les locations de vacances pas trop loin de chez soi en pleine nature, on reprend l’avion pour s’offrir des parenthèses enchantées dans des pays lointains. Seul bémol : les prix des billets qui s’envolent à cause de l’augmentation du kérosène.
Selon un rapport d’American Express, 68 % des vacanciers déclarent vouloir consacrer leurs prochaines vacances à leur bien-être mental. L’épuisement psychologique post-pandémie étant particulièrement prégnant, le tourisme de luxe s’adapte au besoin d’espace et de sécurité de sa clientèle en proposant des activités de plein air, de la méditation, des soins ayurvédiques plutôt qu’une table gastronomique cotée et un palace m’as-tu-vu. Le nec plus ultra ? S’offrir une vraie rupture avec le quotidien (refuge haut de gamme, cure détox ou retraite de jouvence…) et partager des moments de qualité avec sa famille et ses amis. Pour recharger les batteries, rien de mieux qu’une bulle hors du temps comme une escapade ornithologique, un trekking sur l’un des plus beaux tracés du monde ou une retraite de yoga prisée en Inde ou dans une île indonésienne. Sortir des sentiers battus : une tendance qui a les faveurs des instagrammeuses du voyage. L’idée étant d’être le ou la première à fouler une destination d’exception.
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