Certaines en changent comme de chemises, d’autres chérissent un modèle toute leur vie. Certaines l’organisent au carré, d’autres le surchargent des objets de toute la famille. Mais pour chaque femme, cet accessoire de mode quotidien et son contenu racontent à peu près tout de son existence et de sa personnalité. Vous l’avez compris, on se parle de sacs à main !
Le sac à main a trait à l’intimité des femmes. Non qu’il regorge de secrets inavouables, mais il abrite souvent ce qui compte le plus pour un individu du sexe féminin.
Le sac en dit long sur qui nous sommes et sur ce qui nous importe. Il évolue constamment à travers le temps car il est le témoin de nos besoins, une boîte à outils dans laquelle nous pouvons piocher à tout moment réconfort et solutions à nos petits tracas du quotidien. En parcourant ma bibliothèque en quête d’un livre oublié avant de partir en vacances, je suis retombée sur le très joli livre du sociologue Jean-Claude Kaufmann, Le sac, un petit monde d’amour, aux éditions Le Livre de poche. Un bel hommage aux femmes et à leur générosité, mais aussi un joli regard sur qui nous sommes à travers ce fidèle ami qui nous accompagne au quotidien. Si nos aïeules préhistoriques étaient des cueilleuses, nous pourrions bien être considérées comme des transporteuses d’amour, d’incroyables nostalgiques ou des superstitieuses, mais aussi comme des anticipatrices de tracas en tout genre…
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Pour les hommes, le sac a quelque chose d’interdit et de mystérieux ; la preuve que les femmes ont leur jardin secret ! D’ailleurs, ils savent d’instinct qu’il est interdit d’y fouiller. « Tu n’y touches pas, c’est mes affaires », leur ont certainement asséné leur mère dans leur enfance. Les femmes ont un instinct de protection évident envers leur sac. Comme le dit Jean-Claude Kaufmann : « L’idée qu’un inconnu fouille leur sac rend les femmes vulnérables, comme si l’intrus allait avoir accès à leur pensée les plus intimes. » Selon la journaliste touche-à-tout australienne Kathryn Eisman, c’est la dernière frontière de l’intimité féminine. Regarder l’intérieur d’un sac d’une femme, c’est scruter son âme…
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S’ils y farfouillaient, les hommes y trouveraient à la fois des objets très personnels qu’ils jugeraient futiles voire sentimentaux, des objets fonctionnels (qu’ils transportent généralement dans leurs poches) et des objets anticipatifs (pour porter secours à soi ou aux autres). Le sac en dit long sur notre vision du monde, sur ce qui nous fait vibrer, sur nos besoins en termes d’attachement, d’ancrage à la réalité et sur nos valeurs. Même la façon dont il est organisé ou désorganisé donne des informations sur qui nous sommes et notre état d’esprit du moment. Pour les enfants, le sac de leur mère est un trésor jalousement gardé et une caverne d’Alibaba dont peuvent s’extraire biberons, tétines, doudous, girafe Sophie, goûter, mouchoir, argent, clés, feutres et coloriages… Le sac d’une femme semble sans fond, comme s’il s’agissait d’un chapeau magique sur lequel on n’aurait pas besoin de taper à coup de baguette pour faire en sortir des objets miraculeux.
Il n’y a pas de sacs de femme sans calepin, livre, cahier, carnet, agenda et autres bouts de papiers griffonnés. Ce que Jean-Paul Kaufmann appelle « les petits papiers » peut revêtir différents aspects : papiers d’identité, factures, souvenirs, tickets de carte bleue, numéros de téléphone, to do list, listes de courses, cartes de visite ou photos. Les femmes les mieux organisées les réunissent dans une pochette, les plus désordonnées en ont partout et parfois même en boule au fond de leur sac. Certains de ces petits papiers parlent du passé et d’autres de l’avenir… Parmi eux, les listes sont particulièrement pleines de promesses : recettes en tous genres, dîner entre amis, rangements, weekend à organiser, dossiers à finir, coups de téléphone à passer, etc.
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Multitâches et toujours débordées, les femmes ressentent souvent le besoin d’écrire pour ne pas oublier ou diminuer la charge mentale liée à leurs contraintes quotidiennes. En parallèle, elles accumulent souvent des cailloux porteurs de souvenirs et d’émotions, témoins d’un monde affectif et relationnel qu’on chérit outrageusement. Pour l’auteur, ils sont comme des images ou des mots doux. Leur poids n’a aucune importance, ce qui compte c’est qu’ils soient porteurs de tendresse et de réconfort, souvenirs d’un moment jugé sacré ou d’une intensité particulière. « Le sac est un poème d ’objets qui raconte une vie », résume Jean-Paul Kaufmann. Généralement lourds, les cailloux finissent inévitablement dans les profondeurs du sac, oubliés auprès des grigris, porte-bonheur, icônes et autres talismans.
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Mais si les femmes se chargent autant, c’est surtout par altruisme. Mouchoirs, jouets, médicaments, cigarettes, pastilles à la menthe et gels hydroalcooliques peuvent toujours aider un inconnu, un enfant ou un parent désemparé, un ami ou un membre de sa tribu. Les femmes ont l’habitude de bichonner leur entourage. Quoi de mieux qu’une boite à outils pour prouver son dévouement ? « La femme porteuse », comme l’appelle tendrement Jean-Claude Kaufmann, se balade avec le portefeuille et les clés de son amoureux ainsi que les biscuits et peluches de sa progéniture. Elle est habituée à porter le poids des contraintes ordinaires tel un bourriquet plein de bonne humeur. Le sac devient alors à la fois un instrument de domination et de soumission. Les hommes, contrairement à elles, n’éprouvent pas le besoin de prévoir les incidents qui peuvent survenir. En remplissant son sac d’objets « au cas où », la femme joue les divinatrices et apaise ses peurs de l’imprévu. Dans un sac, les objets vont et viennent constamment au gré de ses besoins.
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Pour enfouir leurs objets les plus intimes (culotte de rechange, préservatifs, tampons, etc.), certaines femmes ont recours à des poches secrètes, alors que d’autres les dissimuleront au fond de leur sac. Il y a toujours derrière un sac une hiérarchie interne qui exige des remaniements et des ajustements existentiels. Il est plus difficile de vider son sac que de le remplir car on est souvent nostalgique du passé et des choses que l’on a aimées. Mais c’est seulement quand on ne trouve plus sa carte bleue au moment de payer au supermarché, son téléphone quand il sonne dans le métro, le ticket de parking pour sortir du centre commercial ou les clés de sa voiture ou de son appart’, que l’on s’attaque à son rangement à contrecœur. Lorsque ce moment survient, on remue et on peste d’avoir préféré l’esthétisme au fonctionnel dans le choix du modèle. Ce sont ces expériences agaçantes qui poussent les femmes à choisir des sacs plus petits, mieux compartimentés, ou à trouver des astuces plus personnelles.
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« Le sac est un petit monde rien qu’à soi profondément lié à la structure identitaire », revendique Jean-Paul Kaufmann qui nous interroge sur le lien qui pourrait exister entre rangement du sac et structure de la personnalité. Pour les libertaires, poches et compartiments nuisent à l’esthétisme. Celles-là aiment l’idée que les objets trouvent leur place librement. Les perfectionnistes, elles, estiment que chaque objet doit avoir sa place. Si les premières n’y voient aucune corrélation avec ce qu’elles sont, les secondes y retrouvent leurs qualités organisationnelles et leur aptitude à maîtriser leur environnement. Le sac est aussi un marqueur de changement que l’on modifie au gré des jours, des semaines et des saisons : jour de travail, weekend, vacances, voyages, cérémonies… Le sac s’adapte à notre mode de vie pour nous servir tel un preux chevalier.
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Il y a les infidèles chroniques et celles qui ne jurent que par un seul compagnon par saison. Pour les monosacs, nous confie Jean-Claude Kaufmann, le sac est une extension de soi, gardien des objets porteurs de sens et petit musée des affects et de la mémoire intime. Le sac devient alors un compagnon discret, serviable et docile dont l’ambition la plus haute est de se faire oublier et d’être fonctionnel. Il doit alors coller à l’image que l’on a de soi et à son univers, révéler sa personnalité sans la transfigurer. À l’inverse, pour les polysacs, le sac doit être un faire-valoir, à la fois séduisant et spectaculaire. L’intérieur du sac a moins d’importance que son esthétique. Le sac incarne alors un élément d’affirmation de soi, un coup de foudre ou un coup de folie que l’on achète pour assouvir un désir ardent. Si les polysacs se défendent souvent d’une quelconque distinction sociale, elles revendiquent allègrement leur envie de frisson. On parle alors d’une rencontre amoureuse associée à des émotions fortes : du premier regard, de l’univers du sac, de son toucher charnel, de sa capacité à rendre folles de jalousie ses copines ou du fait qu’il nous habille comme aucun autre.
TOO #40
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