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Qu’est-ce qui empêche d’être heureux en couple ?

Spécialiste de la thérapie familiale, la psychologue Camille Rochet a tiré de sa longue expérience professionnelle un décodage simple des cinq croyances les plus ancrées dans le couple qui guident inconsciemment notre vie amoureuse.

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« Les 5 croyances qui empêchent d’être heureux en couple » de Camille Rochet aux éditions Larousse

Dans son livre, Les 5 croyances qui empêchent d’être heureux en couple aux éditions Larousse, Camille Rochet nous propose de déconstruire les croyances en prenant conscience des phénomènes émotionnels qui en résultent et en reprenant les rênes de notre vie et de notre libre-arbitre. Aimer, c’est respecter l’identité de chacun et co-construire une intimité conjugale basée sur le respect et l’épanouissement individuel.

Mode automatique

Les croyances se forgent dès l’enfance et se nourrissent d’injonctions qui, à force d’être répétées, finissent par être intégrées. Qu’elles soient positives ou négatives, vraies ou fausses, leurs portées façonnent notre vision du monde et notre identité. En outre, on se conforte dans ces croyances en se focalisant uniquement sur les expériences qui nous les confirment. La croyance nous apporte un cadre sécurisant puisqu’on la partage avec notre famille et qu’elle nous permet, d’une certaine manière, de lui rester fidèle. Au sein de la famille, les croyances passent d’une génération à l’autre et font donc référence à l’histoire de nos ancêtres et à leur vécu émotionnel. Les distorsions cognitives consistent à voir la vie de façon inconsciente à travers le filtre de nos croyances. Nous sommes en mode automatique sans en avoir conscience.

Double réalité

Selon le psychiatre canadien Eric Berne (fondateur de l’analyse transactionnelle), « les croyances créent la réalité et la réalité confirme nos croyances ». Quand on s’engage dans une relation d’amour, on rentre en résonnance avec le plan de vie de l’autre. A contrario, lorsqu’on rentre en conflit au sein du couple, c’est que l’on est confronté à des croyances contradictoires : celle issue de notre famille versus celle de son conjoint. Porté par le modèle que l’on a connu enfant, on veut inconsciemment imposer ses certitudes familiales. Il faut différencier les croyances universelles, comme les croyances religieuses, de celles que l’on s’est forgé à travers de ses propres expériences. Une vie épanouie dans un couple interculturel exige, par exemple, de passer de croyances originelles individuelles à des croyances conjugales portées et vécues par les deux partenaires. Deux individus aux passés très différents auront besoin (plus que les autres) de souplesse, d’adaptation et d’abandonner leurs biais d’interprétation pour s’ouvrir à de nouveaux champs des possibles.

Zoom sur les 5 croyances qui empêchent d’être heureux en couple

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Croyance n°1 : le mythe de « la bonne personne »

En plus de nous avoir fait croire qu’il existait une bonne personne qui nous était destinée, les contes de notre enfance induisent que l’amour est inconditionnel et sa durée sans limite. L’idée que l’on va rencontrer « le couvercle à notre pot » nous pousse indéniablement à voir ce que l’on veut voir chez l’autre. Qu’importe la personne finalement, en mode narcissique, le nouvel amoureux devient l’objet de notre désir et le reflet de nos aspirations. On parle alors d’effet miroir. La croyance sous-jacente est que la bonne personne va se présenter à nous comme par magie. Pour connaître vraiment l’autre et avoir une chance de faire perdurer la relation, il faudrait pourtant faire preuve d’altruisme en gardant l’esprit ouvert. Pour Camille Rochet, il n’y a pas de couple sans co-construction, ce qui nous rendrait capable de tomber amoureux de nombreuses personnes différentes. D’ailleurs, pour la sauvegarde de notre bonheur et notre survie, on ne devrait pas dépendre d’une seule personne. En outre, on ne peut pas attendre de l’autre qu’il comble toutes nos failles affectives et notre manque de confiance. Attendre le prince charmant est régressif, car on agit comme un nourrisson qui n’existe qu’à travers le regard de sa figure d’attachement. Être narcissique en amour, c’est attendre de l’autre un type d’amour qu’on est nous-même incapable de lui donner. Et, en étouffant l’autre, on le fait fuir inévitablement. Le travail thérapeutique consiste alors à apprendre à s’aimer à travers son propre prisme, en assumant ses responsabilités vis-à-vis de soi pour reprendre le contrôle. Aimer, c’est aussi laisser à l’autre la liberté de vivre en dehors de la relation et de lui laisser son libre arbitre. Comme le dit Camille Rocher « 1+1 =3 / un moi, un toi et un nous ». Gardez à l’esprit qu’un couple se nourrit de ce qui l’entoure. La relation doit être aussi basée sur un modèle d’adulte à adulte. Le maternage induit que l’autre n’est pas votre égal et qu’il manque d’autonomie. Notre identité ne doit jamais disparaître au profit de celle du couple. La norme n’est pas de tout faire ensemble. Passé la fusion des débuts, il faut fixer des règles qui redéfinissent la notion de liberté. Si vous sentez du flottement dans votre relation, c’est peut-être que vous reproduisez un modèle de couple que vous avez connu enfant.

Croyance n°2 : le mythe des opposés qui s’attirent

Votre partenaire n’est pas la pièce manquante de votre puzzle personnel, ni un outil de développement personnel. Parfois on recherche un conjoint à la personnalité complémentaire qui vous donnera la sensation de vous compléter et même de vous unifier. Attendre de votre moitié qu’elle vous aide à vous aimer davantage implique que vous lui offriez la même chose et que vous êtes un maillon incontournable de sa chaîne. Ce qui est dangereux dans cette situation, c’est de créer encore une fois un contexte de dépendance qui mènera inévitablement à l’étouffement. Être en couple ne doit en rien être un renoncement. Mettre un voile sur ses besoins, c’est l’assurance de saccager sa relation. Quand on veut faire bouger les lignes de son bien-être, il faut accepter de prendre soin de soi pour soi (pas pour l’autre) et de puiser dans ses ressources personnelles sans le prisme de l’autre. Cela passe aussi par un enrichissement personnel nourrit de temps libre, de loisirs et d’interactions riches avec autrui. En revanche, fixer les règles de la notion de liberté dans le couple permet à l’un comme à l’autre d’évoluer dans un climat de confiance et de sécurité. Quand on est très différent, l’attachement se crée à partir des valeurs communes. Si ce socle est suffisamment solide, les différences seront vécues comme un enrichissement. Alors que s’il est trop fragile, les différences deviendront des obstacles insurmontables. Au départ, on aura toujours tendance à mythifier ce qui nous est inconnu et à idéaliser ce que nous n’avons pas eu. Mais plus le temps passe, plus on aura envie que l’autre nous ressemble davantage. Gardez à l’esprit que les valeurs communes sont le ciment du couple. Quand vous connaîtrez des périodes de flou, c’est à elles que vous pourrez vous raccrocher. De même, quand on est très différents, il est judicieux de savoir comment l’autre exprime son amour pour éviter les écueils en termes de communication. Dans son best-seller Les langages de l ’amour, Gary Chapman évoque les différentes façons d’exprimer son affection : les cadeaux, les actions, les compliments, les gestes physiques ou les moments de qualité́. En connaissant le langage amoureux de l’autre, on sait comment remplir son réservoir affectif.

Croyance n°3 : le mythe de Roméo et Juliette

Les débuts d’une relation sont souvent synonymes de papillons dans le ventre et d’une sensation d’évidence qui nous fait croire que l’on ne peut plus se passer de l’autre. Accros aux mythes de Roméo et Juliette et du Titanic, on rêve tous, à un moment, d’un amour absolu qui comblera toutes nos attentes et nous apportera un bonheur à l’épreuve du temps. L’amour avec un grand A n’est-il pas une quête d’affection, d’inti- mité et de tendre sollicitude qui se conjugue avec une attirance érotique forte ? Difficile de résister à la passion tant elle est nous donne l’illusion d’être vivant et de vibrer à l’unisson. Basée uniquement sur l’émotion, la passion n’est, en soi, ni bonne, ni mauvaise. C’est ce que nous en ferons par la suite qui déterminera sa portée. La passion amoureuse, contrairement aux autres passions, a du mal à cohabiter avec les autres. Le sentiment d’addiction et de manque inhérent à cet état tend à nous faire oublier nos valeurs et nous pousse même, parfois, à adopter des comportements extrêmes. Dominé par les émotions et plus par la raison, on vit une énorme perturbation. Une passion adultérine se nourrit, par exemple, de son caractère hors routine, d’une personnalité différente, du désir, du danger d’être démasqué et de la nouveauté. Quand la passion s’évanouit, elle nous laisse pantelant, envahi par un sentiment de routine, de lassitude, de sacrifice, de soumission et de perte de contrôle. Si vous voulez éviter les affres de la passion, il faut préserver votre autonomie en entretenant votre sphère individuelle. Pour Karine Danan, il faut troquer ses fausses croyances sur l’amour pour une idée plus conforme à la réalité. L’harmonie dans le couple résiderait dans un équilibre entre différents cercles : personnel (loisirs et talents), professionnel, parental et familial. Le bonheur conjugal serait alors à la croisée des chemins de ces quatre sphères. Il faut distinguer le fait d’être amoureux de la passion (vivre son ivresse quel qu’en soit le prix) et le fait d’être passionné de l’amour – croire que l’on s’aime jusqu’à la mort. Les deux quêtes sont très différentes, les attentes opposées, car si aimer passionnellement implique de changer de partenaire régulièrement, la notion d’engagement est le graal des amoureux de l’amour. Pour que la relation survive à une phase passionnelle, il n’y a qu’une solution : expérimenter l’attachement en se nourrissant des valeurs communes des individus et tendre vers le même objectif. Celui de créer un couple durable en quête de sérénité́ et peut-être même une famille.

Croyance n°4 : le mythe du superhéros (et le fameux « avec moi, il va changer »)

Souvent attiré par la fragilité de l’autre, on se met à penser que l’on va le sauver de lui-même, comme un superhéros. Si, au départ, l’intention semble louable, elle est toutefois fantasmée car on se persuade que notre âme-sœur a besoin d’un sauveur et que, sans notre aide, elle va sombrer. On incarnerait la solution magique face à cette situation. Dans notre fantasme inconscient, notre rôle est d’aider notre conjoint à devenir la personne que nous estimons être la meilleure pour lui, mais aussi que son changement sera la preuve de notre amour. Plus pragmatiquement, on place l’autre dans une situation de sou- mission. Et cette attitude pourrait bien à terme lui faire perdre son identité, son estime et sa confiance en soi. L’attraction que l’on ressent alors est basée sur une fragilité qui pourrait faire appel à nos qualités. Notre but inconscient est de flatter notre ego en faisant appel à la belle personne qui sommeille en nous. Nous espérons – sans en prendre part – récolter les lauriers de nos bonnes actions envers notre conjoint. Pourtant, lorsqu’on échouera à changer l’autre, on lui reprochera de ne pas nous aimer suffisamment pour y parvenir. Aimer vraiment quelqu’un, précise Camille Rochet, c’est accepter le caractère initial de son conjoint. Si l’autre veut changer, il le fera par lui-même et pour lui-même. Jouer au superhéros, c’est aussi mettre de côté son identité propre pour endosser celle de sauveur. Pour Stephen Karpman, créateur du triangle éponyme, le sauveur a tout autant besoin d’une victime à sauver que la victime a besoin d’un sauveur. Si la victime ne fait aucun progrès, elle devient le bourreau du sauveur qui l’accuse de ne pas être à la hauteur. De même, le sauveur peut devenir persécuteur en reprochant à sa victime de ne pas obéir à ses injonctions. Outre le fait qu’il ne faut jamais entrer dans ce triangle infernal, mieux vaut traiter l’autre comme un adulte responsable et lui conseiller de consulter un profession- nel assermenté pour régler ses problématiques. Dites-vous qu’aimer, c’est donner à l’autre la force et la confiance de régler ses problèmes par lui-même.

Croyance n°5 : le mythe de l’amour sans conflit

L’idéal du couple qui s’entend tellement bien qu’il n’a pas de désaccord est une illusion. Quand on est en contradiction avec son conjoint, c’est important d’accueillir l’émotion négative qui émerge et d’en faire quelque chose de productif. En se rangeant du côté du conjoint pour éviter le conflit et maintenir la sérénité du couple, on cumule de la frustration. Si la colère émerge et que vous l’ignorez, vous nourrissez le volcan qui sommeille en vous. Un beau jour, vous pourriez bien exploser ou faire exploser votre couple. D’après l’auteure, la peur du conflit provient de la peur de domination et des jeux de pouvoirs. Le conflit pourtant, quand il est bien vécu par les deux partenaires, permet de maintenir le pouvoir de chacun. Au contraire, en le fuyant, vous vous mettez dans un état de soumission ou de victime. Vous donnez ainsi l’illusion à votre conjoint que le couple est fusionnel et exercez une forme de manipulation inconsciente. En vous taisant, vous donnez à l’autre l’impression que vous consentez. Le soumis n’a alors plus que deux portes de sortie : se révolter ou sombrer dans la dépression. L’affirmation passe alors par la colère et l’avis de l’autre devient tout à coup insupportable. Le dominé devient le dominant car il a l’impression de vivre une grave injustice. Sa soif de liberté ne laisse plus aucune place à son conjoint pour s’exprimer. En évitant le conflit, on laisse tout le terrain à l’autre et on n’a plus du tout sa place dans le couple. Celui-ci est basé sur le leurre que tout va bien dans le meilleur des mondes. L’échange de points de vue et l’émergence de désaccords sont plus sains que l’absence de confrontation : celui qui se tait cumule alors des griefs contre l’autre (sans qu’il le sache) jusqu’au point de rupture. Généralement, le dominant de la situation (celui qui impose son point de vue sans le savoir) ne s’aperçoit de rien car il pense que l’autre est suffisamment fort pour exprimer le sien. Nous devrions considérer le manque de conflit comme suspicieux. Si votre conjoint ne se prononce jamais, mieux vaut mener l’enquête.

TOO #51

Sur le même thème, lisez aussi notre article « Leçons de vie pour une vie amoureuse réussie« 

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