En bâtissant une véritable science des émotions, le psychologue américain Richard Davidson nous donne les clés pour identifier notre style émotionnel, le travailler et appréhender celui des autres. Et vous, quel est votre profil émotionnel ?
Chaque individu aurait une identité émotionnelle, un profil qui lui serait propre et qui déterminerait ses réactions face aux événements de la vie, déterminerait ses réactions face aux événements de la vie, ses relations aux autres, son caractère plus ou moins optimiste et sa façon de réagir au stress.
D’après le professeur de psychologie Richard Davidson, nous aurions tous une configuration cérébrale, une architecture multidimensionnelle, pilote de nos émotions, qui constituerait la structure de notre personnalité. Mais rien n’est figé dans le marbre… En identifiant votre profil émotionnel, vous prendrez conscience de l’environnement dont vous avez besoin pour vous épanouir, emprunter la voie de l’acceptation ou tenter de rééquilibrer vos tendances psychoaffectives néfastes. Selon l’auteur de Profils émotionnels, apprendre à les connaître et mieux vivre avec aux éditions Decitre, le cerveau ayant une certaine plasticité, il est possible de booster l’activité cérébrale de certaines zones grâce à des techniques appropriées. Les résultats bénéfiques obtenus sont tels qu’ils seraient même visibles à l’IRM (imagerie par résonance magnétique).
Selon le psychologue américain, notre style émotionnel résulterait à la fois de nos gènes et de notre environnement. Il intégrerait six dimensions différentes : la résilience, l’intuition sociale, la conscience de soi, la perspective, la sensibilité au contexte et l’attention.
Chacune agirait comme une réglette qui évolue entre deux pôles ; l’un négatif, l’autre positif. Par exemple, lorsqu’il est au plus bas pour la conscience, cela signifie l’incapacité à reconnaître ses émotions et à comprendre ses comportements. Au plus haut, il se manifeste par la capacité à décrypter son fonctionnement comportemental et cognitif. Votre position sur ces six échelles constitutives de votre profil émotionnel détermine votre vision du monde et vos réactions face aux événements qui surviennent dans votre vie. Richard Davidson n’est pas le seul à avoir déterminé des profils de personnalités, mais il est le premier à avoir corrélé ces dimensions neuro-affectives à des circuits cérébraux particuliers grâce à l’observation de l’activité cérébrale à l’IRM.
Le cerveau préfrontal gauche des individus résilients pourrait inhiber l’activité de la triste amygdale.
Pour mesurer la résilience d’un individu par exemple, il a mis en corrélation le réflexe de sursaut acoustique des individus (le battement de cils) face à des images insoutenables avec l’activité du cerveau. Il a ainsi pu observer que la capacité d’une personne à se remettre d’émotions négatives n’était pas la même d’un individu à l’autre. D’autre part, il a constaté que les individus les plus résilients avaient une activité plus intense que la moyenne dans le cortex préfrontal gauche, la zone qui est la plus connectée au reste du cerveau et plus particulièrement à l’amygdale – le temple des émotions négatives.
Pour simplifier, le cerveau préfrontal gauche des individus résilients pourrait inhiber l’activité de la triste amygdale. Pour étudier la faculté de perspective d’un individu, Richard Davidson a fait appel à ses patients dépressifs ayant, par essence, un profil de perspective très faible. Il a demandé aux participants de regarder des vidéos censées inspirer des émotions positives et d’essayer de faire durer l’émotion en se projetant dans la même situation. L’IRM de ces patients a mis en lumière une faiblesse du noyau accumbens, le temple de la motivation et du plaisir. Même si l’émotion positive était bien présente au départ, elle disparaissait beaucoup plus vite que chez une personne ayant un profil de perspective normal. Cela s’expliquerait neurologiquement par une faible communication entre le noyau accumbens et le cerveau préfrontal.
Dans la même veine, Richard Davidson s’est intéressé à des individus autistes pour observer la dimension d’intuition sociale. En les confrontant à des portraits de personnes, Davidson a pu observer une activité anormalement faible au niveau du gyrus fusiforme, la zone qui nous permet d’observer nos congénères. A contrario, quand les autistes se focalisaient sur le regard des personnages, l’amygdale se mettait à fonctionner de façon étonnamment intense, ce qui provoquait chez eux un sentiment de malaise et d’inconfort. C’est ainsi qu’il a découvert que les personnes ayant une très bonne intuition sociale ont une forte activité au niveau du gyrus fusiforme et une faible activité au niveau de l’amygdale, ce qui explique qu’ils appréhendent les relations sociales sans aucune angoisse.
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Il s’agit de notre capacité à surmonter les situations difficiles. Plus on en est doté, plus on a des facilités à surmonter les contrariétés, petits accidents et grandes épreuves de notre vie. Selon Richard Davidson, la zone de résilience serait le cortex préfrontal gauche, capable d’apaiser l’activité des zones impliquées dans la fabrication d’émotions négatives telles que l’amygdale. Plus le cortex préfrontal gauche est actif, plus l’individu est capable d’inhiber ses peurs, ses appréhensions et de faire preuve de résilience.
Elle désigne la capacité à décrypter ses ressentis et ses émotions. Elle se situerait dans deux zones du cerveau : l’insula et le cortex somatosensoriel. Logique puisque ces zones sont celles qui collectent les informations en provenance du corps. Cela voudrait dire que les personnes ayant une bonne connaissance d’elles-mêmes sont celles qui sont les plus aptes à identifier leurs réactions corporelles liées aux émotions, qu’elles soient encore une fois positives ou négatives, comme le plaisir ou le stress.
Elle concerne le savoir-être, la capacité d’agir de façon appropriée en fonction de son environnement. Cela implique le respect des règles sociétales. Elle concerne deux zones du cerveau : l’hippocampe qui recherche dans la mémoire l’attitude appropriée au contexte et le cortex préfrontal qui va analyser et hiérarchiser les actions possibles. Plus ces deux zones échangent entre elles, plus la sensibilité au contexte semble élevée.
Située au niveau du cortex préfrontal, l’attention est la capacité d’un individu à se concentrer sur une tache précise pendant un long moment. Quand le cortex préfrontal est bien souple, il arrive à canaliser les stimuli non pertinents qui pourraient distraire l’individu et le détourner de sa tâche. Pour y parvenir, l’individu focaliserait sur certaines caractéristiques. L’attention est communément considérée comme une composante cognitive. Richard Davidson a fait le choix de l’intégrer comme dimension car les éléments extérieurs sont d’autant plus distrayants s’ils sont porteurs d’émotions. L’attention est donc bien une composante de notre façon de réagir émotionnellement. Selon l’auteur, l’activité du cortex préfrontal pourrait varier d’un facteur 30, d’un individu à l’autre.
La perspective est la propension à voir le verre à moitié plein ou à moitié vide. Elle fait référence au pessimisme ou à l’optimisme d’une personne dans sa vie en général, à sa capacité à ressasser ses problèmes ou, au contraire, à les nier pour minimiser la charge émotionnelle. Les personnes dotées de perspective révèlent une forte activité au sein du noyau accumbens, le cœur cérébral du plaisir et de la motivation. En outre, le cortex préfrontal, quand il est bien connecté à ce noyau, prolonge les effets émotionnels positifs des moments plaisants.
Il s’agit de notre capacité à ressentir les sentiments d’autrui, ce que les autres ne perçoivent pas forcément mais que vous savez d’instinct. Le bassin de l’intuition sociale est le gyrus fusiforme qui vous permet de décrypter les micro-expressions et le langage non verbal. Généralement, les individus ayant une forte intuition sociale possèdent une forte activité du gyrus fusiforme et une faible activité au niveau de l’amygdale. Les relations sociales sont leur zone de génie, une source inépuisable d’épanouissement.
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