La famille, on l’aime comme on peut la détester. Elle nous marque au fer blanc et peut-être plus profondément encore. La pratique de la psychogénéalogie nous invite à déminer notre histoire familiale pour aborder l’avenir sereinement. Une catharsis qui décoiffe.
Développée dans les années 1970 par la thérapeute Anne Ancelin Schützenberger, la psycho-généalogie repose sur le principe selon lequel le passé de nos ancêtres influencerait notre existence. C’est en travaillant pendant des années auprès de malades atteints d’un cancer, que la psychothérapeute a eu l’idée de chercher dans leur histoire familiale une éventuelle « répétition » ou identification à une personne aimée importante. Grâce à son essai clinique, elle a pu constater que leur cancer s’était fréquemment déclaré exactement à l’âge où une mère, un père, un grand- père, une tante ou un cousin, étaient morts d’une maladie grave ou d’un accident. En mettant en lumière des événements marquants de notre histoire familiale ou des secrets de famille en résonance avec nos propres problèmes, on pourrait se libérer de phénomène de répétition sur plusieurs générations…
La question de la transmission se pose de façon inconsciente dans tous les domaines de notre vie (professionnel, amoureux, relationnel et spirituel). Dans son livre Se libérer et guérir des blessures familiales aux éditions, J’ai lu, Juliette Allais nous propose de donner du sens à la place que l’on tient au sein de votre famille en différenciant les valeurs, croyances et scénarii que l’on veut bien accepter et ceux dont on veut se délester. Pour s’approprier son héritage et en faire quelque chose qui nous ressemble, il faudrait finalement nous guérir des plaies de nos ancêtres restées béantes. L’objectif est de s’envisager comme une continuité de nos ascendants tout en traçant un chemin qui est véritablement le nôtre et en tenant compte de notre personnalité, de nos besoins et de nos rêves. En décryptant notre histoire familiale, on pourrait aborder l’avenir avec plus de sérénité et transformer « les déterminismes inconscients en trajectoires lumineuses ». Une démarche qui exige de se plonger dans l’histoire de nos deux lignées en nous entrevoyant comme un maillon indispensable dans la succession des générations.
Dans le but de relever et de clarifier les coïncidences de dates et d’âges chez divers membres d’une même famille, Anne Ancelin Schützenberger a créé le concept de génosociogramme, un arbre généalogique constitué de faits marquants et d’événements importants, heureux ou malheureux, qui font partie de votre histoire familiale, relevés sur plusieurs générations. Pour aller plus loin, elle définit en outre « le syndrome d’anniversaire » comme un problème qui présente des similitudes avec un autre survenu dans le passé. Mais comment expliquer qu’on répète un scénario vécu par l’un de nos aïeux alors que l’on n’en était même pas conscient ? Dans son opus Totem et Tabou, Sigmund Freud évoque la possibilité d’une « âme collective » pour tenter d’expliquer une transmission de l’inconscient d’une personne à l’inconscient d’une autre personne. Mais c’est Carl Gustav Jung qui a réellement ouvert la voie d’une approche transgénérationnelle avec sa théorie de l’inconscient collectif. « En plus de notre conscience immédiate, nous serions dotés d’un second système psychique de nature collective, universelle et impersonnelle qui serait identique chez tous les individus. Cet inconscient collectif ne se développerait pas individuellement, mais serait hérité. Il serait composé de formes préexistantes, et d’archétypes, lesquels donneraient un sens aux contenus psychiques. » Méconnaître son passé serait donc prendre le risque de répéter les mauvais schémas familiaux encore et encore et laisser l’inconscient familial jouer les perturbateurs en sous-marin.
Juliette Allais compare la famille à une mosaïque complexe faite de joies, de réussites, de drames, de regrets, d’abandons et de secrets. Par souci de loyauté, on porte parfois le poids d’une histoire inachevée dans un état de fusion psychique, qui nous fait perdre les pédales en nous éloignant de la réalité. On regarde alors la vie dans les yeux de celui qui nous a précédé comme si nous étions en mode téléguidé ou sous hypnose. Encore une fois, la psychogénéalogie n’a pas pour mission de nettoyer votre arbre généalogique de ses souffrances, transgressions, manques et autres névroses, mais de faire le tri pour ne sauvegarder que ce que vous voulez transmettre à votre future progéniture. Notre mal-être, qu’il soit personnel, professionnel ou relationnel, nourri de nos peurs et de nos insatisfactions, serait également le fruit de notre histoire généalogique car nous vivons avec les croyances dont nous avons héritées et la vision du monde que l’on nous a transmise. En répétant les vieux schémas familiaux, nous acceptons d’endosser le rôle qui nous pèse et de faire des choix inappropriés ou surprenants, quitte à transgresser notre véritable moi. Nous laissons alors notre héritage décider qui nous sommes avec un fatalisme omniprésent, et malgré tout confortable, puisqu’il nous déresponsabilise de qui nous sommes. Ainsi, des mythes familiaux comme « Le bonheur n’existe pas », « Les hommes trompent toujours leur femme », ou « On est rien sans argent » sont des entraves pour réaliser ses souhaits les plus chers. Mais on préfère parfois rester fidèle à sa famille et lui donner raison, plutôt que de déstabiliser une croyance pourtant limitante et nocive.
TOO #48
Lire la suite : Psychogénéalogie, mode d’emploi
La décadence côté mercure incite à la prudence. Aussi mieux vaut ne pas se découvrir…
Jamais délaissé, l'imprimé léopard est loin de faire tâche dans l'histoire de la mode. Seule…
Il n'y a pas deux paires de chaussures comme la cuissarde pour mettre nos gambettes…
Le changement de saison s'organise aussi dans les assiettes et ça tombe bien car l'automne…
Et c'est la chute...des températures. Rien de tel qu'une bonne bougie pour venir réchauffer nos…
Alors qu'Halloween, autrement dit la soirée la plus horrifique de l'année va bientôt réveiller plus…