Melvin & Hamilton revisite sans cesse les grands classiques de la chaussure anglaise. Avant-gardiste, intemporelle et finalement très mode, cette marque est connue pour ses finitions très soignées et l’utilisation du tannage végétal. Rencontre avec Karim Choukair, heureux cofondateur de la griffe, directeur artistique et passionné de beaux souliers…
Bio. Karim a toujours évolué dans le monde de la chaussure puisque son père, Rajab Choukair, a longtemps été agent de marques pour de grandes maisons françaises et italiennes comme Chanel, Jourdan et Seducta. Désireux de poursuivre cette aventure familiale dans la chaussure, Karim et son frère Olivier ont créé Melvin & Hamilton en 1988.
Comment êtes-vous tombé dans la chaussure ?
Chez nous la chaussure est une histoire de famille. Avec mon frère, nous avons toujours évolué dans ce milieu grâce à notre père. Nous avons étudié dans une grande université allemande mais très tôt, c’est plutôt le stylisme et le projet de créer une marque qui ont nourri notre ambition.
Comment votre marque a-t-elle vu le jour ?
Melvin & Hamilton est née dans les années 80. Nous souhaitions créer une griffe de chaussures au style anglais à des prix accessibles. On a démarré très naturellement avec des modèles masculins. Puis on s’est très vite aperçu qu’il y avait également un créneau à saisir sur le marché de la femme. Notre rapport qualité-prix produit a été une force dès le début de notre aventure. Aujourd’hui, nous réalisons autant de chiffre d’affaires sur l’homme que sur la femme.
Parlez-nous de votre ADN ?
Notre identité de marque s’est créée au long cours. Nous avons travaillé dans un esprit de continuité en faisant progresser nos collections au fur et à mesure. Le lancement de notre ligne de produits au tannage végétal a marqué un virage dans l’évolution de notre marque. On a longtemps été précurseur dans ce domaine. Nous avons gagné nos lettres de noblesse en proposant des cuirs naturels aux détails extraordinaires. Nous avons un vrai savoir-faire dans ces domaines. En outre, la couleur fait aujourd’hui partie intégrante de notre ADN avec une palette de plus de 74 tonalités. Même si notre processus reste industriel, tous nos produits semblent uniques avec des finitions main car elles sont travaillées par des maîtres patineurs.
Avez-vous toujours gardé les mêmes formes ?
Non pas forcément car elles ont évolué avec le temps. Les goûts changent et on a eu de cesse d’en réinjecter de nouvelles en utilisant des matières inédites. La routine stylistique, ce n’est pas vraiment notre tasse de thé !
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
On adore voyager, découvrir des expositions d’art moderne ou de mobilier ancien. D’après moi, l’inspiration provient toujours de la culture que l’on s’approprie. La notre est cosmopolite et pluri-disciplinaire. Notre père est d’origine libanaise, ma mère parisienne et nous vivons en Allemagne… L’esprit de curiosité fait donc partie de notre histoire familiale.
Quels sont les compliments qui vous font le plus plaisir ?
J’aime que l’on reconnaisse notre griffe juste en regardant nos produits, qu’elle soit un sujet de conversation. Cela signifie que nous avons su imposer notre patte et que notre ADN transpire à travers notre style. Dernièrement, j’ai eu un client qui a acheté une paire de derbies orange. Il a été attiré par le reflet de la couleur mais ne s’est pas aperçu qu’elles étaient bel et bien fabriquées dans cette teinte. Ce qui fait notre force, c’est que nos chaussures n’ont pas l’air d’être des produits industriels.
Qui sont vos clientes ?
Nos clientes ne sont pas forcément jeunes mais dynamiques et actives. Elles sont en quête de belles chaussures avec lesquelles elles peuvent marcher, travailler et vivre leur quotidien sans entraves.
Quelles sont les tendances fortes de la consommation dans le domaine de la chaussure ?
Depuis quelques années, la couleur dans la mode masculine est devenue une tendance à part entière. Les hommes osent porter des chaussures de plus en plus audacieuses avec des tonalités inattendues.
Quid des collaborations ?
On a effectué quelques collaborations avec des blogueuses mais nous préférons de loin réaliser des capsules pour des boutiques partenaires car on aime garder la main sur le style de nos produits. On préfère les exercices de style aux collaborations.
Comment voyez-vous l’évolution de votre marque ?
Notre griffe a une bonne réputation sur notre marché domestique en Allemagne mais la France est notre premier pays d’exportation. Parallèlement, nos ventes en ligne ne cessent de progresser. À l’avenir, nous comptons développer notre présence dans d’autres pays européens. Nous envisageons également d’ouvrir de nouveaux corners dans les grands magasins en Europe et une boutique en nom propre à Paris.
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