Être heureux en amour est pour beaucoup d’entre nous l’une des clés du bonheur. Mais que se cache-t-il derrière nos relations amoureuses ? Pourquoi certaines réussissent et d’autres échouent. Love, le grand livre de l’amour de Leo Bormans aux éditions Livre de Poche revient sur toutes les dernières recherches menées par des neuroscientifiques, sociologues, psychologues et anthropologues dans plusieurs pays. Un livre passionnant pour percer les mystères du couple et mettre tous les atouts de son côté pour réussir sa vie amoureuse.
Selon l’experte en interculturalité Elaine Hartfield, il faut distinguer l’amour passion de l’amour compagnonnage. Si la passion est un état intense de désir, il a la particularité de ne pas durer éternellement, de provoquer des émotions fortes et souvent extrêmes : l’extase quand l’attraction est réciproque et le désespoir quand l’objet de son désir est indifférent à cet élan irrépressible. En Occident, l’amour passion et le désir sexuel sont étroitement liés. Quand l’amour passion disparaît, il peut laisser place à l’amour compagnonnage, générateur d’émotions plus douces et de sentiments plus nourrissants basés sur l’attachement. D’ailleurs, le concept de l’amour est si différent d’une personne à l’autre, qu’un simple « Je t’aime » peut avoir des significations très dissemblables.
D’après la théorie « duplex », l’amour est un triangle composé de trois éléments : l’intimité qui comprend les notions de confiance, de soin, de compassion, de communication, de compréhension, d’empathie et d’attachement ; la passion génératrice d’excitation, d’enthousiasme et d’attraction sexuelle ; l’engagement qui provient de l’envie de maintenir la relation sur le long terme. S’il manque l’un de ces trois éléments, l’amour est voué à l’échec. L’intimité seule s’apparente à l’amitié, alors que la combinaison intimité-passion rime avec amour romantique. Si l’amour compagnonnage est un mélange d’intimité et d’engagement, l’amour fou se nourrit exclusivement de passion et d’engagement.
Cendrillon : une relation sur le mode « ils vécurent heureux jusqu’à la fin des temps ».
Business is business : une relation considérée comme une petite entreprise, avec des profits et des pertes.
Pékin express : une relation qui prend des allures de road-trip
et dont le but est de rester sur le même chemin coûte que coûte.
Thriller : une relation où l’un des partenaires semble constamment surveiller l’autre.
Scared movie : une relation où l’un des deux maltraite l’autre.
Open minded : une relation où la liberté sexuelle et les infidélités sont autorisées.
Au début d’une relation, le degré d’intimité est généralement faible, mais il tend à progresser si l’histoire devient sérieuse. Garder des secrets est un véritable danger si l’on souhaite créer de l’intimité. Quant à la passion dont on devient très rapidement accro, elle est très destructrice si l’histoire cesse brutalement.
La période de sevrage est généralement vécue comme une phase longue, douloureuse et injuste. Dans le meilleur des cas, la passion finit par s’amenuiser avec l’habituation : l’excitation et l’enthousiasme baissent pour laisser plus de place à l’intimité. L’effet « waouh » disparaît, mais pas forcément la relation ! Pour qu’un couple réussisse, il faut que l’équilibre entre intimité, passion et engagement soit similaire pour les deux partenaires. Si, par exemple, vous attendez de votre moitié beaucoup de passion et peu d’intimité, alors que ses attentes sont inversées, vous vous sentirez mal-aimée. Dès notre plus jeune âge, nous avons nos propres référents en matière d’histoires d’amour et nous les hiérarchisons inconsciemment. Ces histoires viennent à la fois de notre vécu familial, des contes, de notre culture et des couples qu’on a pu côtoyer avec admiration. Encore une fois, vous avez plus de chance de réussir en couple si vous avez la même vision de l’amour : des modèles référents communs qui seront des repères tout le long de votre vie amoureuse.
La psychiatre et biochimiste Donatella Marazziti est la première à avoir comparé les personnes amoureuses à des patients atteints de troubles obsessionnels compulsifs dans les années 1990. D’après ses expériences, les deux groupes de patients présenteraient des taux identiques de sérotonine, faisant du sentiment amoureux une anomalie biochimique. La scientifique a également étudié les neurohormones sécrétées par les sujets amoureux en début de relation. Elle a pu constater une augmentation de la cortisole (l’hormone du stress), de la dopamine (l’hormone du plaisir et de la motivation), une augmentation de la testostérone chez la femme et sa diminution chez l’homme (comme si deux individus avaient besoin de se ressembler pour tomber amoureux). Enfin, pour maîtriser tous ces bouleversements, l’individu amoureux produirait de l’ocytocine (l’hormone de l’attachement) qui agirait comme un relaxant.
Les psychologues croates Josip Obradović et Mira Čudina ont étudié l’évolution émotionnelle d’une centaine de couples mariés en utilisant l’échelle de Robert Sternberg sur les trois aspects du triangle duplex. D’après leurs études, les partenaires extravertis, ayant une bonne estime de soi, un attrait physique l’un pour l’autre et stables sur le plan émotif ont plus de chance d’entretenir une passion amoureuse qui évoluera vers un engagement durable que les sujets introvertis. Si la passion est vive pendant la période de la lune de miel, elle est au creux de la vague au bout de dix ans, pour reprendre du souffle au bout de quinze ans de mariage. Ce facteur s’explique par l’apparition de jeunes enfants dans l’intimité du couple. Sans surprise, ce sont les duos sans enfants qui connaissent l’intimité la plus intense. Au niveau de l’engagement, il atteint son pic au moment du mariage, décroît entre la sixième et la quinzième année pour parvenir à son firmament au bout de 25 ans d’union. Dans la période creuse de l’engagement, les couples se posent souvent la question de la séparation. Mais s’il parvient à surmonter cette phase, le couple résilient s’en trouve renforcé. La capacité d’un couple à réussir ou à échouer ne dépend pas du milieu social dans lequel il évolue, mais plutôt de facteurs extérieurs : les difficultés économiques et les accidents de la vie.
Il y a autant de façons d’aimer que d’individus sur Terre. Certains l’expriment par la sexualité, d’autres par le romantisme, l’engagement, la cuisine ou encore le bricolage. Pour protéger sa relation, l’expert en thérapie systémique Charlie Azzopardi propose deux règles d’or. La première de ces règles est la suivante : « exprimez votre amour et assurez-vous que le message a bien été transmis ». Il y a beaucoup trop de personnes qui attendent d’être en crise pour déclarer leur flamme à leur conjoint. Si vous faites quelque chose pour prouver votre amour (acte ou déclaration) à votre Jules, assurez-vous qu’il ait bien compris la nature exacte de vos sentiments. Surtout qu’avec le temps, on en oublie de les exprimer car on les considère comme acquis. « Comment puis-je te prouver mon amour ? » : c’est la question essentielle qu’il faut poser au début d’une relation, puis régulièrement par la suite. La communication est essentielle car les besoins affectifs évoluent avec l’âge. Deuxième règle d’or : « arrêtez de prendre votre conjoint pour Madame Irma… » Vous avez besoin de plus de reconnaissance, de sexe, de câlins, de cadeaux, de tendresse, de déclarations, de partage des tâches ménagères ? Discutez-en simplement avec votre partenaire ! Arrêtez de croire que l’amour doit être spontané et que s’il vous aimait vraiment, il prendrait l’initiative. Exprimez vos attentes régulièrement pour qu’il sache comment vous voulez être aimée. Et, de grâce, pardonnez-lui ses maladresses et récompensez sa bonne volonté.
« Cela fait cinq ans qu’on s’est pacsés et l’arrivée de notre premier enfant a bouleversé notre vie de couple. Entre la pression du boulot et les affres de la vie parentale, on ne peut pas dire que c’est la fête du slip… Ce qui nous sauve ? L’humour et l’autodérision, mais aussi le fait de s’être fixé des jours pour faire l’amour. J’ai conscience que ce n’est pas très glamour, mais on est tellement crevé que cela s’est avéré nécessaire… »
« On fait attention l’un à l’autre et on multiplie les petits gestes de tendresse au quotidien. Michel me ramène mon petit-déjeuner au lit tous les matins. Moi, je lui cuisine ses gâteaux préférés. On se taquine souvent, mais on est très attentionné l’un envers l’autre. Nos petits-enfants plaisantent d’ailleurs très souvent à ce sujet. Ils nous trouvent toujours amoureux. »
« Notre atout avec Eddy, c’est que nous ne vivons pas ensemble. C’est facile d’entretenir l’étincelle quand on a chacun son appartement. Quand je vais dormir chez lui, je suis toujours une meilleure version de moi-même (sur mon 31 et de bonne humeur). De son côté, il est plein d’attentions. Il me prépare toujours des surprises et on rigole beaucoup… Je n’ai pas l’impression que notre relation se soit tarie depuis notre rencontre. Le fait de ne pas gérer les contraintes de l’autre agit comme un philtre d’amour. »
« Vous allez rire, mais ce qui a sauvé mon couple, c’est de poser un verrou sur la porte de notre chambre pour retrouver une intimité sexuelle normale après la naissance de nos jumeaux. On a également beaucoup communiqué sur nos attentes réciproques en termes d’amour et de tendresse. Depuis que je me suis aperçue que Stéphane avait besoin d’être aiguillé en matière de cadeaux, de petites attentions et de remerciements, cela va beaucoup mieux entre nous. »
« Après mon divorce, il y a une quinzaine d’années, j’avais décidé de rester toute seule. Mais j’ai rencontré Pierre, un bel homme brillant qui m’a fait chavirer. Ce qui fait que notre relation perdure ? C’est que nous sommes prévenants. Ce qui signifie faire attention à l’autre, mais également à soi. On essaie de rester en forme, d’être coquets et parfumés, d’avoir des attentions l’un pour l’autre et d’être bienveillants quand on est de mauvaise humeur. Petit plus, on adore se taquiner l’un et l’autre. »
« On part en weekend en amoureux. On laisse nos enfants et le chien aux grands-parents et on s’offre une parenthèse romantique. Cela nous permet de discuter, de retrouver notre complicité d’avant et également une intimité sexuelle. Depuis qu’on s’offre ces escapades, on a l’impression d’être beaucoup plus proches l’un de l’autre. »
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