Les femmes ont longtemps été tenues à l’écart du pantalon, d’abord considéré comme un habit exclusivement masculin. Et oui, on ne s’est pas vu octroyer l’occasion de porter la culotte en un jour !
Retour sur cette évolution qui a participé à faire valser les représentations du corps et de la mode alors en place.
Indépendamment des conflits de classe, la mode était surtout régie et dominée selon le bon vouloir des hommes.
La Révolution de 1789 a apporté son lot de bouleversements et la représentation du pantalon tel qu’on le connaît aujourd’hui. Mais attention, toujours sous emprise masculine.
Passant alors du « haut-de-chausses » au pantalon, revêtu par les révolutionnaires comme pour symboliser la rupture avec la classe aristocratique déchue qui s’entêtait à porter la culotte.
C’est ainsi que l’universalisation masculine du pantalon faisait très franchement l’impasse sur les femmes.
D’ailleurs, sous la Révolution, le décret du 29 octobre 1793 impose le respect de la différence des sexes.
Même si le pantalon a d’abord réussi à se libérer du carcan des conflits de classe jusqu’à gagner les plus hautes sphères de la société, immiscer les femmes dans l’équation était une autre paire de manche !
En effet, en témoigne l’ordonnance de 1800 de la Préfecture de police de Paris. Laquelle interdisait aux femmes de porter le pantalon, un vêtement dit « masculin ».
Ainsi, la femme qui osait en revêtir, était perçue comme une travestie, car conformément à cette célèbre expression « elle ne devait pas porter la culotte » et malmener le patriarcat établi.
Faisant donc office de miroir de l’autorité masculine, le pantalon était alors la chasse-gardée du jadis considéré, « sexe fort ».
Dans un premier temps, les femmes et le port du pantalon relevait davantage de l’intimité.
Dans les années 1790-1800, il était surtout question de pantalon de lingerie à porter sous les robes, en partie dissimulé donc.
Puis, avec les Merveilleuses, de l’époque du Directoire, la mode dite « à la grecque » avec ses robes particulièrement fines, nécessitait d’enfiler par-dessous un semblant de legging couleur chair.
Ces pantalons semi-culottes ont véritablement fait office d’étape dans la naissance des premiers sous-vêtements féminins.
Très à cheval quant au repérage des tendances, en leur temps déjà , les Parisiennes ont donné de l’élan à ce pantalon sous-vêtement, au point de l’amener à être une mode courante au cours du XIXe siècle.
Avant bien sûr, que l’authentique pantalon ne leur fasse du pied…
D’autant que « beaucoup de femmes très célèbres devaient renouveler leur permis de travestissement pour pouvoir porter un pantalon », d’après l’historien de la mode Denis Bruna.
Il faut dire que le pantalon leur ouvrait toutes les portes : cafés, salons littéraires, théâtres etc.
À l’image de l’écrivaine George Sand ou de la peintre Rosa Bonheur qui pouvaient contourner cette prohibition du pantalon pour les femmes, car à Paris, certaines circonstances médicales ou métiers dits « masculin » le permettaient.
Bien que longtemps seulement assignées au travail domestique, les premières femmes féministes ont fait valoir ce droit au pantalon et par là même, à plus de confort.
Si bien qu’en France, Madeleine Pelletier, la première femme médecin défie les lois en s’habillant en homme sans autorisation. Laquelle va aussi revendiquer ce droit auprès des députés en juillet 1887.
À savoir que le pantalon devient un vêtement féminin et universel essentiellement à partir des années 1960-1970. Quand cette tenue ne causait pas trop de remous en ville, soupçons et regards inquisiteurs compris.
Également la pratique d’activités physiques telles que l’équitation et le cyclisme ont joué de leur influence.
Fait pour le moins marquant, légalement les Parisiennes ne sont dans les clous au regard du port du pantalon que depuis 2013 !
C’est si dire si être hors-la-loi ne tenait qu’à un fil ! Vous voilà maintenant au fait de l’histoire du pantalon !
Pour un combo ultra sensuel, vous jetterez bien un coup d’Å“il à l’histoire des escarpins !