Il suffit parfois d’un signe pour faire basculer sa vie. Caroline Frisou a fait l’expérience du karma. Elle nous explique comment appliquer ces sagesses ancestrales pour cultiver la paix intérieure et rayonner.
A 35 ans, lassée de la routine de son existence et de son travail dans la fonction publique, Caroline Frisou a changé radicalement de vie grâce à un marque-page. Attirée par l’Inde depuis toujours, elle trouve providentiellement dans le tramway une image. Il s’agit de Ganesh qu’une inconnue d’origine indienne a laissé tomber par inadvertance. Cette carte comporte une phrase énigmatique : « Ce sont quatre préceptes dont nous assimilons la teneur dès l’enfance. Ils nous ont été transmis oralement par notre famille et nos professeurs. » Caroline accueille cette trouvaille comme un signe du destin.
Ce simple bout de papier cartonné sera le point de départ de son nouveau parcours de vie. Elle devient formatrice dans l’insertion professionnelle, thérapeute holistique et journaliste en développement personnel. Caroline a également écrit un magnifique opus, Les Quatre sagesses indiennes (éditions Leduc pratique). Dedans, elle décrypte ces préceptes millénaires transmis de génération en génération dans tout le pays. Une invitation bienveillante à rechercher la paix intérieure, la plénitude et l’harmonie en faisant confiance à l’univers et au karma.
Dans la philosophie indienne, chaque individu qui entre dans notre vie y arrive pour une raison singulière. Qu’importe si elles sont superficielles ou éphémères, toxiques ou bénéfiques, les relations seraient ainsi toutes porteuses de sens. Ce précepte nous pousse à dépasser notre méfiance envers autrui et à le considérer avec bienveillance comme notre égal. Il faut apprécier ce que l’autre a de différent et ce qu’il peut nous apprendre sur nous-même. Sources d’apprentissage en toutes circonstances, nos rencontres importantes nous guident vers notre chemin de vie. Cette sagesse nous permet d’entrevoir les relations d’un œil plus pacifié, plus humble, et à ressentir de la gratitude pour tous les êtres de lumière que l’univers a mis sur notre parcours.
Ces derniers nous ont généralement aidé à nous construire enfant, nous ont tendu la main quand nous étions au bord du précipice ou nous ont guidé en tant que mentor dans nos vies professionnelles. Phares ou bouées de sauvetage selon la période, ces bons samaritains sont parfois apparus de façon providentielle pour disparaître aussitôt leur mission accomplie.
Par ailleurs, notre cercle d’amis constitue souvent notre deuxième famille, celle que l’on s’est choisie. Chaque membre y possède un rôle spécifique et nourrit une facette différente de notre personnalité. Caroline Frisou nous recommande de pratiquer la chaîne universelle. Lorsque quelqu’un vous apporte son aide, vous vous engagez moralement à faire de même pour quelqu’un d’autre. Lorsqu’une relation a été toxique, il faut focaliser sur ses enseignements et vous libérer de son emprise en pardonnant. Les rituels de détachement symbolique utilisés en Inde vous permettent de vous libérer de vos chaînes en ouvrant grandes les portes de votre âme.
Enfin, il existe des rencontres singulières, d’une évidence et d’une justesse absolues. Celles-ci dépassent notre entendement tant la connexion est forte, fluide, immédiate et instinctive. Elles s’accompagnent toujours d’une sensation de déjà-vu ou de retrouvailles. On parle alors de rencontre karmique pour exprimer cette communion de pensées, de paroles et d’émotions. C’est comme si, d’un coup, un individu inconnu s’adressait de la façon la plus déconcertante possible à votre identité réelle. Quand on a la chance d’avoir vécu l’un de ces moments de symbiose absolue, il est difficile de ne pas y voir un signe du destin, le clin d’œil d’une vie antérieure, ou le déclic d’un changement radical.
Dans la philosophie hindoue, l’univers parsème notre parcours d’embûches pour nous faire progresser sur notre chemin de vie. Chaque événement a un sens et rien ne sert de vouloir l’éviter. Les hindouistes croient aussi à la réincarnation et à la continuation de la vie après la mort. Ils pensent que nos actions dans cette existence détermineront la prochaine, c’est le karma. Le présent est donc à considérer comme le rayonnement des actions réalisées dans nos vies passées. Notre chemin de vie serait donc la somme de ce que l’individu a fait, fait et fera. Ce précepte nous interroge sur l’importance de nos actions bonnes ou mauvaises, volontaires ou involontaires, ainsi que sur des intuitions et des aspirations que l’on tente d’étouffer.
Quoi qu’il advienne, nous sommes sur Terre pour expérimenter la joie, le doute, l’excitation, la colère, la fierté, la plénitude, le calme, le tourment et le dépouillement intérieur. Quand des événements heureux surviennent, c’est que vous êtes sur la bonne voie. Les succès sont toujours les fruits de nos bonnes actions, de rencontres fructueuses ou de coups de pouce de l’univers.
Pour se sentir mieux aligné quand on se sent perdu, il faut faire fi des influences extérieures, être à l’écoute de ses émotions, sortir des conditionnements et se débarrasser de ses croyances limitantes et de ses peurs. Quand votre vie semble s’enrayer, interrogez votre flamme intérieure. Mettez votre amour-propre de côté, faites un bilan approfondi de votre expérience, et revoyez à la baisse vos objectifs si nécessaire. Être sage, c’est accepter son humanité avec tout ce qu’elle comporte de limites et d’imperfections. Plutôt que de ruminer sur le passé, cherchez plutôt à guérir des épreuves. En appliquant ce précepte, vos accidents de vie deviendront, avec le temps, de belles blessures dont vous percevrez le sens et dont vous pourrez tirer de la force.
Tout vient à point à qui sait attendre. Les choses bénéfiques n’arrivent pas quand on le décide, mais quand on est prêt à les accueillir. Cette philosophie nous permet d’attendre patiemment, de modérer nos ardeurs et d’accepter avec une certaine sérénité les événements impromptus. Quand le temps semble s’écouler lentement et que la réalisation de nos objectifs semble s’éloigner, il faut se recentrer dans l’ici et maintenant pour profiter des instants magiques de l’existence. Vous trouvez que le temps est interminable avant vos congés ? Pourquoi ne pas circuler en bicyclette pour donner à votre quotidien un air de vacances ? En se projetant trop loin, on finit parfois par vivre avec des œillères, dans la frustration et coupé de la réalité.
Dès notre plus jeune âge, nous sommes formatés à anticiper l’avenir, plutôt que de nous inciter à nous connecter à nos ressentis et à développer nos aptitudes. Si nous sommes physiquement dans le présent, nous sommes trop souvent psychiquement dans le futur. La recherche perpétuelle de croissance dans nos sociétés occidentales va dans ce sens car on impose sans cesse aux salariés de nouveaux objectifs de performance ou d’évolution. Plus on se projette dans un futur désiré, moins on en savoure la teneur quand on atteint notre but, comme happé par l’objectif suivant. Il faut arriver à se détacher de la norme en se reconnectant à son moi profond. Ecoutez vos émotions pour laisser s’exprimer son âme.
Comme le dit Caroline Frisou, il n’y a que le moment présent qui est source de vérité. Notre bonheur ne dépend pas de la réalisation de nos rêves, mais bien de notre aptitude à profiter de l’instant T. Du fait de notre condition de mortel, il nous faut apprendre à être plus humble. Et si les choses que l’on attend se font désirer, c’est certainement qu’au fond de notre cœur, nous ne sommes pas prêt à les obtenir. Nous n’avons pas soigné nos blessures du passé ou que nous n’avons pas su tirer de nos erreurs tous les enseignements bénéfiques.
Par ailleurs, quand les individus ont la sensation d’être sur leur chemin de vie, ils sont plus optimistes et cultivent une certaine confiance en l’avenir. Cette sagesse nous rappelle que nous avons les ressources nécessaires pour appréhender les caprices du temps. Selon l’auteure, « le timing de notre existence est le seul qui s’avère juste puisqu’il reflète ce que notre âme est prête à traverser ici et maintenant ». Quand vous ressentez de la frustration par rapport au temps, la méditation ou l’observation de la nature peuvent s’avérer d’une aide précieuse pour s’ancrer dans le présent et vous concentrez sur votre karma.
Quand quelque chose ou une relation prend fin dans votre vie, c’est parce qu’elle n’a plus lieu d’être. L’idée, c’est d’accepter l’impermanence de l’existence en vivant intensément le présent. Même si vous êtes nostalgique, il faut accepter de laisser derrière vous les bons souvenirs, pour en laisser de nouveaux surgir. S’accrocher au passé, c’est s’enfermer dans des croyances limitantes et cultiver ce qui n’a plus lieu d’être. De plus, ce que nous retenons des bons moments du passé est souvent idéalisé et parfois même mystifié.
Notre construction identitaire s’est souvent faite en plusieurs étapes cruciales et nous avons parfois l’impression d’avoir vécu plusieurs vies. Rien ne sert de se remémorer en boucle les moments essentiels de notre parcours. Pour autant, il ne faut pas en minimiser la richesse en termes de sens et d’enseignements. Ils constituent les scénarios du succès sur lesquels nous pourrons nous appuyer quand on sera face à un obstacle.
Si vous vous laissez bercer par vos pensées sclérosantes et vos peurs anciennes, vous prenez le risque de voir vos pires craintes se matérialiser. Par ailleurs, si vous êtes en grande souffrance suite à un drame, vivez le présent comme une étape de cicatrisation pour panser vos plaies. Guérir, c’est également accepter que son identité évolue. L’élan de vie revient toujours une fois les plaies refermées. Lorsque l’on a perdu un être cher, il faut cultiver l’empreinte de lumière qu’il a laissé en nous et se réjouir d’avoir eu le bonheur de le connaître. Éprouvez de la gratitude envers l’univers pour les avoir mis sur notre chemin. Ce serait l’une des clés pour remonter la pente après une perte tragique.
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