La marque française fête ses 100 ans cette année et se modernise à travers son rachat récent par le groupe Spartoo. Côté style, elle entend séduire les femmes audacieuses et élégantes en misant sur les tendances actuelles, son identité française et son riche savoir-faire en termes de confort. Rencontre avec Wilfrid Conil, directeur des marques JB Martin et Pellet, un homme passionné qui compte bien faire de cette jolie marque historique, une signature incontournable dans l’air du temps.
Bio. Wilfrid Conil a une longue carrière dans le milieu de la chaussure et textile derrière lui. Après 8 ans passé à la direction générale de la filiale France du premier groupement européen de détaillants indépendants spécialisé dans le secteur de la chaussure et de la maroquinerie, reprendre la direction de JB Martin s’imposait comme une évidence dans la continuité de son parcours.
JB Martin est née en 1921, il y a cent ans exactement. Son fondateur, Jean-Baptiste Martin, était l’un des fabricants de Fougères, en Bretagne, le plus gros bassin de production de l’Hexagone à l’époque. La marque s’est notamment développée grâce à son modèle Louis XV qu’il a créé en 1926. Le groupe JB Martin était une énorme machine puisqu’il a employé jusqu’à 1 200 personnes. La maison a également été l’une des premières à ouvrir des magasins en nom propre dès 1982. En 2009, la production a été délocalisée en Asie. JB Martin et Christian Pellet ont été rachetés en début d’année par le groupe Spartoo. Aujourd’hui, notre souhait est de relocaliser la production en Europe : en Espagne, Italie, Portugal, mais aussi en France si nous trouvons les partenaires adéquats.
Ma mission est de redéployer la marque sur l’Hexagone, puis à l’international, en lui redonnant ses lettres de noblesse. J’ai pour objectif de lui redonner vie en la modernisant, d’en faire une marque moyen/haut de gamme au style très français, avec une fraîcheur évidente. Nous souhaitons nous inscrire en tant que griffe parisienne audacieuse pour toucher des femmes libres, indépendantes et sûres de leur style. La plupart de nos produits seront commercialisés entre 100 et 250 euros.
Notre studio est en train de revoir toutes les constructions des collections en tenant compte à la fois de l’ADN de la marque, de ses archives et des tendances actuelles. Les deux piliers de notre département style sont Eve Agnellet, qui œuvre pour JB Martin depuis des années, et Elena Capozza, qui a longtemps travaillé pour Reqins et officie en tant que chef de produit à l’international.
Nous collaborons avec le bureau de style WGSN et nous épluchons leurs cahiers de tendances avec attention. Nous sommes également très attentifs à ce qui se passe dans la rue et sur Instagram, en ciblant toujours les femmes élégantes et actuelles.
Pour l’automne-hiver, nous avions envie de célébrer la Parisienne chic, impertinente et moderne qui se joue de la mode au gré de ses envies. Fidèles à notre histoire, nous avons revisité l’allure néo-bourgeoise en rehaussant les mocassins, bottes cavalières et escarpins, d’accessoires or pour plus de modernité. Les cuirs vernis reviennent en force, et les imprimés reptile continuent leur déferlement sur nos dressings. En outre, le look city rock s’impose dans notre collection avec des boots aux semelles XL déclinés sur des formes féminisées pour alléger la silhouette. On a également revisité les codes seventies avec des talons jupés, des formes carrées, des patchworks, des imprimés python et des coloris vintage. On a aussi beaucoup travaillé sur les recherches de matières dans des tonalités naturelles pour satisfaire nos envies de cocooning : croûtes velours sable, semelles crêpe et intérieurs fourrés façon mouton. Par ailleurs, nos stylistes ont joué la carte de l’audace en mixant les cuirs aux imprimés forts, comme le léopard et le python, à des couleurs vives.
Pour les professionnels, nous avons un showroom situé au 339, rue Saint-Martin dans le 3e arrondissement parisien. Outre notre site marchand en nom propre, nous avons commencé à nous implanter dans les grands magasins à Paris et en France métropolitaine. Par ailleurs, nous commercialiserons nos produits dans le réseau multimarques avec des partenaires sélectionnés.
Nous avons à faire à des consommateurs éduqués et souvent à la pointe des tendances grâce au numérique. Ils veulent bien dépenser plus à condition d’en avoir pour leur argent en termes de tendances, mais aussi de confort. On parle de consommation « phygitale », un mot valise pour désigner l’habitude que les consommateurs ont pris d’aller voir les produits dans les réseaux dits physiques et de les acheter sur Internet, en mode numérique.
TOO #44