Persécutées pendant des siècles, les sorcières ont de tout temps fait parler d’elles. Symboles subversifs des féministes dans les années 70, elles ont montré la voie de la liberté, celle du respect de la nature, et défendu un rapport différent au corps et à la sexualité. Souvent guérisseuses ou sages-femmes, elles ont su s’affranchir des règles imposées par les hommes pour vivre pleinement leur féminité et aider d’autres femmes opprimées. Si on leur a prêté des pouvoirs surnaturels, c’est parce qu’elles étaient capables d’utiliser la richesse de la nature, de manier les énergies et de se transmettre entre elles le fruit de leurs expériences.
Dans son très joli livre Âme de sorcière ou la magie du féminin, paru aux éditions Harmonie Solar, Odile Chabrillac nous invite à explorer le monde étrange et invisible de ces femmes au destin singulier et de s’initier à quelques-uns de leurs rituels pour transformer nos vies.
Étymologiquement, le mot « sorcière » signifie « diseuse de sorts ». Leur réputation sulfureuse provient essentiellement de leur maîtrise des plantes qui pouvaient tantôt être remèdes et tantôt être poisons. Les sorcières ont lutté de tout temps pour que les femmes s’élèvent contre la domination masculine et l’autocensure. Elles ont aussi œuvré pour que les femmes soient à l’écoute de leur féminité, de leurs intuitions et de leurs ressentis. Entre le Vème et le XVIII ème siècle, plus d’un demi-million de femmes ont été condamnées à mort pour avoir pactisé avec le diable. Dès 1487, le traité Malleus Maleficarum, appelé également « marteau des sorcières », apportait un cadre théologique et juridique pour les condamner. A une époque où les catastrophes humanitaires et naturelles étaient multiples, ces femmes puissantes et influentes, donc dangereuses, étaient des boucs émissaires parfaits. Elles incarnaient à la fois une menace pour les religieux et le système patriarcal en général, mais aussi pour le corps médical, essentiellement masculin, car elles avaient une connaissance empirique de la médecine.
« Libertaires et féministes, les sorcières ont toujours voulu reprendre le pouvoir aux hommes et devenir actrices du changement. »
Le Livre des Ombres, un recueil de textes magiques, propose d’ailleurs mille façons de s’approprier les énergies, les plantes, les herbes, les métaux et les pierres. En outre, les sorcières disposaient librement de leur sexualité, connaissaient des techniques contraceptives et pratiquaient parfois l’avortement. Dans les années 60, sous l’influence de Starhawk, une altermondialiste féministe pratiquante de la Wicca, le mythe des sorcières blanches est réapparu. La Wicca est un mouvement religieux né au début du xxe siècle basé sur l’ancienne religion païenne qui s’appuie sur le chamanisme, le druidisme, les mythologies gréco-romaine, slave, celtique et nordique. Depuis lors, dans la plupart des pays occidentaux, il existe de petits groupes de femmes qui se réunissent pour jeûner, méditer, danser, chanter, utiliser et partager leur savoir en toute humilité et faire des demandes communes. Leurs réunions sont basées sur l’ouverture, la quête de sagesse, le développement des pouvoirs et l’amélioration de son rapport au corps. Grâce à un apprentissage rigoureux et une croyance indéfectible en la magie, elles parviendraient à accomplir des actes hors du commun grâce à un mélange de méditation, de concentration et de visualisation.
Libertaire et féministes, les sorcières ont toujours voulu reprendre le pouvoir aux hommes, devenir actrices du changement et sortir du statut de victime. Le monde de la magie est un système matriarcal qui porte aux nues la féminité, la fécondité, la nature et la Terre. Depuis l’origine de l’humanité, le fait que les femmes aient leurs règles est une preuve de leur faiblesse et de leur caractère passif. Les hommes ayant besoin des femmes pour se reproduire, les femmes sont vite devenues une ressource nécessaire qu’il fallait se partager. Rien de tel que le dénigrement et la privation de liberté pour y parvenir… C’est ce que l’anthropologue Françoise Héritier appelle le modèle dominant archaïque. Encore aujourd’hui, les inégalités entre les hommes et les femmes perdurent et il est toujours difficile d’admettre qu’une femme puisse être à la fois brillante, autonome et aimable. L’archétype de la sorcière puissante, donc dangereuse, perdure aujourd’hui dans le monde de l’entreprise. Pour la politologue Sophie Heine, la justesse d’une société s’évalue à sa capacité à garantir la liberté à l’ensemble des individus qui la compose et par un état de non domination. Les sorcières ont été bannies car elles n’autorisaient pas suffisamment les hommes à interférer dans leurs choix de vie.
Dans la tradition juive, Lilith était la première femme d’Adam, une démone de l’amour, de la sexualité et de la mort. Créée par Dieu de la même terre qu’Adam, Lilith considérait qu’elle était son égale et refusa de se mettre sous lui au moment de faire l’amour. La querelle qui s’en suivit poussa Lilith à quitter le jardin d’Eden pour une caverne près de la mer Rouge. Pour la punir, Dieu ordonna de tuer cent de ses enfants tous les jours. Trois anges partirent à sa recherche pour lui faire changer d’avis, en vain. Devant ce refus, les anges négocièrent un pacte : ils lui donnèrent le droit de tuer tous les enfants mâles jusqu’à leur circoncision et tous les enfants femelles jusqu’à vingt jours. En contrepartie, elle devait épargner les enfants qui portaient des amulettes avec le nom des trois anges. Depuis lors, Lilith est le symbole de la lutte contre l’oppression masculine. Lilith avait pour réputation de voler à travers la nuit, les cheveux au vent. Ne serait-elle pas finalement à l’origine du mythe de la sorcière ? En tout cas, on la retrouve dans différentes mythologies, sumérienne et babylonienne notamment.
Selon Odile Chabrillac, « la véritable magie est un art spirituel dont l’objectif est d’unir l’esprit avec la matière, grâce à l’énergie de l’amour, pour que la matière finisse par donner vie à la puissance de l’esprit ». Il faut harmoniser ses vibrations avec celles du cosmos pour éprouver une joie pure et intense. Les pratiques énergétiques comme le qi gong, le yoga ou le tai chi utilisent les faisceaux d’énergies qui nous entourent. Pour les sorcières, le temps des lunes qui sont souvent celles de leurs règles est la période où elles sont le plus réceptives. Ces quelques jours de pleine lune boosteraient visions, rêves et intuitions. En magie, le sang des règles est considéré comme un concentré du pouvoir féminin. Il est utilisé dans certains rituels pour obtenir ce que l’on souhaite, délimiter un territoire d’influence et rendre fou d’amour l’homme de son choix.
Pour les sorcières, la nudité est un atout pour s’accepter telle que l’on est sans artifices et avec toutes ses imperfections. Après quelques jours d’habituation, elle permet aux femmes de retrouver toute leur énergie et leur puissance. Elle nous rappelle que nous sommes vulnérables, mais aussi que notre corps est une source de plaisir. Selon les études, le naturisme en groupe procure bienfaits psychologiques et estime de soi. Mais si les sorcières étaient si pourchassées au XVème, XVIème et XVIIème siècle, c’est surtout parce qu’elles étaient sexuellement libérées. L’État punissait alors par la peine de mort l’avortement, alors qu’il avait décriminalisé le viol pour les individus les plus pauvres. Les plaisirs charnels étaient considérés comme des pêchers. D’après le Malleus Maleficarum, les sorcières avaient le vagin insatiable. Les puritains se sont surtout érigés contre les rites païens des campagnes comme les fiançailles à l’essai qui permettaient aux paysans de cohabiter pendant un an avant d’officialiser leur union. Le sabbat (ou fête sacrilège) prenait en fait la forme de rassemblements populaires qui finissaient parfois sur des débordements sexuels. Pour éviter la transe maléfique, la réforme catholique du concile de Trente avait interdit les danses en rond telles que la sardane. En réalité, les procès en sorcellerie punissaient surtout des femmes dénoncées par leur mari parce qu’elles étaient infidèles. Il faudra attendre les années 70 et l’avènement de la pilule pour que la gent féminine puisse enfin mener ouvertement une sexualité choisie.
L’univers de la sorcellerie fait le pari de la coopération entre la nature et l’humain. Les sorcières croient que tous les éléments de la nature ont une énergie. Ce qui fait de la forêt l’endroit idéal pour méditer, prendre du recul et développer ses dons. Le Shinrin-yoku ou bain de forêt, utilisé au Japon comme médecine préventive est particulièrement prisé des sorcières depuis la nuit des temps. Parallèlement, les sorcières ont toujours cultivé leur jardin et pratiqué la permaculture. Le principe essentiel est de positionner au mieux les plantes médicinales et les plantes alimentaires pour concevoir des installations harmonieuses, économes en travail et en énergie. La sorcière est avant tout une faiseuse de remèdes, de potions, d’élixirs et d’huiles essentielles pour se maintenir en bonne santé ou restaurer l’harmonie. Chaque préparation répond à des règles très strictes : moment de la cueillette, prières, offrandes spéciales, restrictions alimentaires ou sexuelles. Aujourd’hui encore, un quart des médicaments prescrits dans le monde sont réalisés à partir de substances végétales et plus de 80 % de la population de la planète a toujours recours à des dérivés de plantes pour se soigner…
Le mot « intuition » vient du latin intueri qui l’on peut traduire par « regarder à l’intérieur ou contempler ». Quand l’âme fonctionne en mode spontané, on parle d’intuition. Les chercheurs distinguent plusieurs types de perception extrasensorielle : l’information reçue d’une autre personne (télépathie), l’information reçue à propos du futur (précognition pour les émotions et prémonitions pour les émotions et ressenties), l’information reçue du passé (rétrocognition). En se reliant le plus souvent possible à ses émotions, on muscle son pouvoir d’intuition. Ce sont les informations disponibles dans l’inconscient qui sont traitées à la vitesse de l’éclair. Les sorcières croient à l’intuition, mais aussi à la synchronicité que Odile Chabrillac définit comme la survenue d’une heureuse coïncidence, l’occurrence simultanée d’au moins deux événements qui ne présentent pas de liens de causalité, mais dont l’association prend une signification pour celui qui la perçoit. Elle nous ouvre à d’autres dimensions comme si la vie voulait nous dire quelque chose, comme si il y avait un dialogue entre le monde visible et invisible, comme si nous disposions d’un sixième sens pour se reconnecter au sens de la vie.
Savoir se mettre en retrait, sortir de la dépendance aux autres et quitter l’espace de représentation permet de se relier à soi sur tous les plans (corporel, émotionnel, affectif, cognitif, fantasmatique et spirituel). Comme le dit l’auteure d’Âme de sorcière, il faut partir en territoire intérieur pour retrouver son pouvoir et sa puissance. Les sorcières fonctionnaient toutefois en sororité avec d’autres femmes ayant les mêmes affinités et des vécus semblables pour s’émanciper, travailler ensemble et créer une alchimie féminine. Les sabbats leur permettaient de faire bloc face à un monde hostile, de s’épauler, d’apprendre les unes des autres et de se sentir traitées en égale. Elles avaient l’impression de travailler à un intérêt supérieur commun.
Les rituels de magie débutent toujours par un jeûne ou une détox, de la méditation et de la visualisation pour se connecter à la terre. Puis, les participantes se libèrent des pressions du quotidien en entrant en mouvements grâce à la musique. Un cercle sacré est alors défini pour invoque les quatre éléments : air, terre, eau, feu.
Ensuite, chacun formule sa demande à voix haute, en l’écrivant ou en la dessinant. Ensuite, toutes les personnes présentes font monter le pouvoir par la respiration, la transe, la danse, la musique et le chant. Elles vont alors focaliser leur énergie sur une image, une action, un symbole ou un acte spécifique. Quand cette dernière semble avoir atteint son sommet, vient le moment de rendre le pouvoir à la Terre avec ses mains et son corps. Avant de se séparer, les sorcières boivent et mangent ensemble pour profiter de ce moment précieux, expriment leur gratitude, puis rouvrent le cercle pour revenir à un espace-temps ordinaire.
D’après le livre Âme de sorcière ou la magie du féminin.
L’aubépine
Elle était utilisée par les guérisseuses pour apporter apaisement, recentrage et fertilité. En tisane à partir de fleurs fraîches, elle permet de lutter contre l’anxiété ; en bouquet, elle apporte la paix chez soi.
Le gingembre
Il apporterait chance, vitalité et serait un booster de libido. Il suffirait de tenir un morceau de gingembre en faisant un vœu, de visualiser votre rêve et de jeter la racine dans un cours d’eau pour qu’il se réalise. Consommé en tisane, le gingembre a des propriétés antivomitives.
La grande ortie
On la jette au feu pour contrer une malédiction ou on en tient une branche dans sa main pour se protéger des fantômes. On peut aussi la consommer en soupe, en jus ou en tisane pour se purifier.
Le gui
Plante préférée des druides, elle les protégeait contre la malchance. On le brûle ou on le porte sur soi pour éloigner les maladies.
Le houx
Au Moyen-Âge, on pensait qu’il évitait la foudre, le poison et les esprits maléfiques. On en faisait des infusions pour asperger les nouveau-nés.
La pervenche
Surnommée « violette des sorcières », sa cueillette doit se faire essentiellement la première, la neuvième, la onzième ou la treizième nuit de lune. On en fait un bouquet que l’on place au-dessus de sa porte pour protéger le foyer et les liens du cœur en général.
La rose
On prend des bains avec de l’eau de rose pour faite agir un charme d’amour. Boire une tisane de boutons de rose avant d’aller se coucher ouvrirait la voie aux rêves prophétiques. Pour connaître son futur compagnon, on attribue à trois feuilles le nom d’un prétendant. La feuille qui reste verte le plus longtemps désigne l’heureux élu.
La mandragore
Puissant aphrodisiaque, la mandragore aurait aussi la réputation de soigner la stérilité et de porter chance en termes juridique et financier. A une autre époque, on pensait qu’elle pouvait rendre invisible, servir de sortilège ou constituer un talisman contre la sorcellerie. On la trouve encore aujourd’hui dans les boutiques ésotériques sous forme d’encens pour invoquer les esprits.
TOO#32
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