Un rêve récurrent, un chiffre qui nous poursuit, une drôle de sensation… Bons ou mauvais, les signes sont partout ; ils nous entourent et nous les recevons quotidiennement sans forcément y prêter attention. Consulter un médium, c’est prendre conscience de leur existence, appréhender leurs différentes formes et apprendre à les décrypter. Autant de pratiques qui ouvrent les portes d’une formidable connaissance de soi.
Anne Tuffigo, médium et conférencière, compare la vie à un jeu de l’oie rempli d’obstacles, de récompenses, de défis, de bonnes et mauvaises surprises. Cette ancienne professeure de lettres pense qu’on est doté d’alliés invisibles (proche décédé, anges gardien, guides ou dieu) qui nous envoient des signes pour nous aider à avoir une vie meilleure. Il suffirait ainsi d’être vigilant, de se laisser guider par son intuition et d’interpréter ses rêves, pour se sortir de situations compliquées. Elle nous incite à regarder le monde comme un ensemble, non pas rempli de problèmes, mais de solutions. Une invitation à s’extraire de cette position passive en empruntant les bonnes routes et en s’entourant des bonnes personnes grâce aux signes que l’univers nous envoie. Et il y en a toujours pour celui ou celle qui est prêt à voir un message. C’est ce qu’elle nous enseigne à travers son livre Il suffit parfois d’un signe, rêves, synchronicité, prémonition et déjà vu, publié aux éditions Albin Michel, qui fourmille d’anecdotes édifiantes pour ceux qui veulent croire qu’un au-delà existe et pour les sceptiques curieux face à la médiumnité.
Médium depuis sa plus tendre enfance, Anne Tuffigo percevait des visages émaciés derrière ses instituteurs et des désincarnés au bout de son lit… Pendant longtemps, elle a essayé d’ignorer ses visions tant elle les vivait comme un lourd secret impossible à partager. Même enfant, elle savait que ce don la mènerait vers une vie atypique. Elle a longtemps considéré sa médiumnité comme un puzzle non assemblé qu’elle a rangé, comme elle a pu, au fond d’elle-même. Pourtant, la mort frappant plusieurs de ses amis proches, elle avait pu très jeune appréhender son modus operandi puisqu’elle pouvait entendre les disparus. Quand sa mère est décédée lorsqu’elle avait 24 ans, elle avait préalablement reçu plusieurs signes de sa disparition, mais elle avait préféré les ignorer. Cette disparition soudaine lui a donné envie d’écrire et de vérifier la véracité de ses visions et de ses intuitions. Elle ne tarda pas à recevoir des signes de sa mère, pourtant totalement agnostique, dans ses rêves sous l’apparence qu’elle avait à 30 ans, puis dans sa vie quotidienne où le nom de sa mère était crié à corps et à cri sans qu’elle ne s’y attende. Elle reçut même un sms qui semblait être écrit par sa mère après sa mort sans qu’elle n’arrive à en identifier l’émetteur. Pour elle, lorsqu’on ne voit plus ceux que l’on aime mais que leur cœur continue à battre à l’unisson, il existerait deux rives : celle de la raison ou celle de l’intuition et de la perception. De plus, ayant attrait au domaine de l’intime, ces signes ne parlent qu’à vous, ce qui vous fait passer aisément pour un illuminé, un affabulateur ou pour une personne en souffrance. Pourtant porteurs de joie et de soulagement, les signes sont de précieuses sources d’apaisement pour les endeuillés. Ainsi, Anne Truffigo s’adresse à ceux qui sont prêts à défier les lois de la logique et à abandonner leur rationalité pour acquérir des savoir-faire ancestraux de décryptage des signes. Une vision sans tabou de l’au-delà à appréhender sans préjugé…
Une consultation chez un médium implique une décision mûrie car dans l’inconscient collectif, il est apparenté aux sorciers, longtemps brûlés vifs sur des bûchers pour avoir des liens avec l’au-delà. Pourtant, à une époque lointaine, les Grecs et les Romains passaient leur temps à examiner les présages pour lire l’avenir dans toutes les sphères de leur vie. La faune, la flore et les quatre éléments étaient scrutés minutieusement dans un souci de divination. Le deuxième roi de Rome avait même fondé un collège des augures, une sorte d’école de sorciers À l’époque, les devins charlatans firent leur apparition et affublaient chaque grande famille. L’avènement du christianisme, sous Constance III, mit fin à cet engouement exagéré pour les oracles puisque la peine de mort fut proclamée pour toute personne prétendant accom- plir des choses divines. Seuls les religieux étaient autorisés à communiquer avec Dieu. Depuis, percevoir des signes inspire autant de peur que d’émerveillement, car percer publiquement les secrets de la sémiologie sous un angle spi- rituel vous ferait passer au mieux pour une personne perchée, au pire pour un doux-dingue. La société nous a conditionné à ne plus rien voir et on l’a accepté sans broncher.
En communiquant avec le monde invisible, le médium devient un simple outil de communication. Anne Tuffigo explique qu’elle est obligée de sortir du champ émotionnel pour se mettre au service des messages qu’elle veut distribuer. Elle fait le vide pour devenir un réceptacle hermétique à sa personnalité puis met de côté connaissances et opinions pour être traversée par un nouveau champ d’informations. Les individus qui consultent un médium viennent généralement pour avoir la certitude que leurs proches décédés sont toujours « présents », trouver un sens à cette disparition, s’assurer que les signes qu’ils reçoivent ne sont pas le fruit de leur imagination. L’interprétation des signes est un autre volet abordé en consultation. Elle permet d’avoir des messages plus précis, mais aussi des informations sur le meilleur chemin de vie à emprunter. Pour Anne Tuffigo, notre incarnation terrestre répondrait à un scénario que nous aurions écrit avant notre naissance. On en aurait délimité les grandes lignes : notre famille et les épreuves qui jalonneront notre parcours terrestre. Une fois sur terre, la notion de hasard agirait au même titre que notre capacité à absorber les épreuves ou, au contraire, à nous torturer. À chaque fois que le médium mobilise ses facultés, c’est comme s’il ouvrait le sommaire d’un livre sur la vie du disparu avec les obstacles et les souffrances auxquels il a dû faire face.
Pour la célèbre psychiatre Elisabeth Kubler Ross, qui a théorisé les différentes phases du deuil (sidération, colère, culpabilité/négociation, chagrin, acceptation/résilience), chaque individu aurait un Gandhi et un Hitler au fond de lui. C’est ce qui nous pousserait, dans le deuil, à emprunter la voie de la résilience ou à s’infliger, au contraire, d’incroyables souffrances. Qu’il s’agisse d’une situation, d’une relation ou d’une personne, le deuil obéit au même processus. Dans le cas d’un deuil récent, il est très difficile de percevoir des signes ; la personne disparue aurait besoin d’un temps d’adaptation pour accepter sa mort et les survivants peinent à se détacher de leur chagrin. Toute leur énergie est focalisée sur leur « survivance » et la gestion de leur quotidien. Même si le fait de ne pas voir de signes est vécu comme une punition, ils sont tout bonnement contradictoires avec l’autoflagellation de la période de négociation/culpabilité.
Il est donc primordial, pour le médium, de savoir dans quelle phase se situe la personne qui le consulte. C’est d’ail- leurs la raison pour laquelle un couple sur deux se sépare après la mort d’un enfant. Sans oublier les usages culturels qui varient d’un pays ou d’une religion à l’autre. En Chine, le deuil est fixé à 27 mois, contre un an chez les catholiques. Quoi qu’il arrive, la première année se traverse dans un brouillard spatiotemporel complet. L’année suivante, les fêtes et anniversaires ravivent les blessures et le manque. Parallèlement, il faut freiner son impatience quotidienne à vouloir contrôler la douleur, comprendre la mort et formuler des hypothèses. C’est seulement lorsque la personne est en phase de chagrin ou d’acceptation/résilience, que le médium pourra délivrer ses messages sans craintes. Par ailleurs, c’est en sortant de ses repères habituels et en étant contraint par la nouveauté que l’endeuillé pourra s’ouvrir aux signes. Il doit garder à l’esprit que l’amour est l’unique carburant qui permettrait à ses chers disparus de se manifester. Passé le deuil profond, le ciel s’éclaircira et les signes filtreront comme par magie, avec légèreté et parfois humour.
Une situation qui s’enraille est souvent le signe que l’on a emprunté une mauvaise voie et qu’il faut choisir un nouveau chemin de vie. Nous n’avons pas envie de voir les signes qui nous y poussent. Parfois, le fait de ne pas obtenir gain de cause représente la chance que l’on attend sans le savoir. Cela nous oblige à prendre du recul, à changer de point de vue, mais aussi à observer les signes qui parsèment notre route et à analyser leurs messages. Prenez exemple sur Luke Skywalker préconise Anne Tuffigo : acceptez votre destinée et les missions qui vous incombent, affrontez les épreuves en dominant vos émotions et vos peurs et acceptez les aides providentielles qui surgiront sur votre route. Nous résistons souvent aux signes car ils viennent contredire un plan de vie préétabli. En quête constante de sécurité, nos injonctions quotidiennes s’y opposent. Dans la société occidentale, si nous acceptons de nous placer sous le signe du destin, c’est que nous validons l’idée de créer une histoire emprunte de sens. Dans la religion bouddhiste, l’existence n’a ni sens, ni objectif. La seule chose qui ne change pas tout au long de la vie, c’est que celle-ci change continuellement. En Orient, la souffrance à laquelle nous tentons d’échapper est indissociable de l’existence. Enfin, pour le moine indien Dzogchen Ponlop, mieux vaut se créer des buts au fil de nos évolutions. Pour être autonome, nous devons nous déconditionner de notre éducation, de nos peurs et de nos habitudes.
Pour Anne Tuffigo, les signes s’alignent sur une temporalité très personnelle dont nous ignorons tout. La mythologie grecque distingue deux dieux du temps : Chronos, le dieu du temps linéaire et chronologique, et Kairos, le dieu de l’occasion opportune et du bon moment pour agir. Apprivoiser les signes, c’est combiner Chronos et Kairos. Pour l’auteure, si le premier représente l’horizontalité avec des journées remplies de rendez-vous et d’obligations nous laissant peu de répit, le second symbolise la verticalité, comme un marqueur nécessaire d’élévation spirituelle. Plus vous êtes vampirisé par Chronos, moins vous aurez de signes. C’est ce qui expliquerait que les enfants, plus que les adultes, assisteraient à des phénomènes paranormaux ou à des manifestations de nos disparus.
La sémiotique, l’étude des signes et leur signification, s’appuie sur les mêmes procédés que ceux de Charles Sanders Peirce. On dénombre trois sortes de signes : l’indice, l’icône et le symbole. L’indice est un signe attaché à l’objet et constitue un élément de la communication non verbale. L’icône est un signe détaché de l’objet, mais qui le représente de manière figurée : une peinture, un dessin ou un pictogramme. Le symbole est également un signe détaché de l’objet, mais qui ne partage aucun point commun avec lui. Anne Tuffigo cite le rouge, symbole de danger, ou la colombe, symbole de paix. Enfin, le message est la mise en connexion de tous ces signes. Le médium a la capacité à transformer cette multitude de signes en un puissant outil linguistique grâce à l’éloquence. Un bon messager sait ainsi choisir le meilleur signifiant. Le triangle sémiotique, c’est-à-dire la correspondance entre l’objet, le nom qu’on lui attribue et le sens que nous lui donnons, peut être un vrai gouffre de malentendus, de faux sens et d’interprétation. Le signe de l’au-delà serait avant tout un message universel. C’est comme si on avait retrouvé le langage originel, perceptible et compréhensible pour tous. Il sélectionnerait parmi des millions de combinaisons possibles la bonne tonalité, le bon mot, pour rendre son identification indiscutable.
« COMME LA FOI, LE SIGNE SE VIT DE L’INTÉRIEUR : UNE MARQUE VISIBLE D’UN MONDE INVISIBLE. »
Anne Tuffigo
Inconsciemment, nous avons créé, dans le système linguistique humain, nos propres signes : des icônes, des indices et des symboles qui incarnent nos représentations visuelles, morales, intellectuelles ou spirituelles. À chaque mot, son interprétation très personnelle. Le signe, c’est la preuve par l’intime car il prend également en compte des facteurs culturels liés à l’époque dans laquelle nous évoluons. Outre le fait qu’il résonne par sa justesse, il tombe également au bon moment (doute ou interrogation), ce qui renforce son impact émotionnel. En revanche, si vous racontez ce signe à quelqu’un d’extérieur, il haussera sans doute les épaules tant les références seront intrinsèquement personnelles. Comme la foi, il se vit de l’intérieur. Un signe est la marque visible d’un monde invisible et possède la capacité́ à nous transposer dans une dimension différente. Quant à la synchronicité, Carl Gustav Jung la définit comme une coïncidence entre deux faits, voire plus, sans relation causale, mais qui vont créer du sens pour l’individu au point de changer sa vie. Le mot synchronicité provient du grec « syn », qui veut dire ensemble, et « chroni », qui renvoie à la notion de chronos, le temps. A contrario, si une coïncidence est purement fortuite, on dira qu’elle est objective. La synchronicité est un message chargé de sens et déposé́ sur la bonne route au bon moment. Elle s’accompagne généralement d’une décharge émotionnelle à sa réception. D’un objet du quotidien ou d’une situation banale naît un signe fort en parfaite cohérence avec nos préoccupations du moment. Si une coïncidence objective pourrait être l’œuvre du dieu Chronos, la synchronicité serait celle de Kairos car elle aurait la faculté́ d’interrompre le temps terrestre pour créer une opportunité́ riche.
TOO #47
Découvrez aussi comment décrypter les signes avec notre article sur l’interprétation des signes envoyés par l’au-delà.
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