L’histoire raconte que la 1460 aurait vu le jour grâce au médecin allemand Klaus Maertens dans les années 40. Après une blessure de ski, il aurait cherché à développer avec l’un de ses amis, le docteur Herbert Funck, une chaussure orthopédique lui garantissant une mobilité optimale. Les deux compères effectuent des dizaines d’améliorations jusqu’à obtenir un produit intégrant un coussin d’air. La première version des Doc Maertens est née.
Dès 1947, les deux complices déposent un brevet pour protéger leur invention et ouvrent leur atelier à Seeshaupt dans la foulée. Portés par leur succès commercial, ils ouvrent leur première usine en 1952. À la fin des années 50, la gamme s’étend déjà à plus de 200 modèles et cible principalement les femmes de plus de 40 ans.
En 1959, Bill Griggs, un ingénieur anglais et producteur de chaussures dans le Northamptonshire s’intéresse à la fameuse semelle à coussin d’air et noue un partenariat avec les deux médecins pour en obtenir la licence exclusive. De cette union anglo-germanique naît le premier modèle de chaussures de protection destiné à chausser les ouvriers anglais. Pour optimiser son look, Bill Griggs la repense intégralement : il arrondit sa forme, mise sur des cuirs ultra résistants, double teint son pourtour et y intègre une rainure. Il a même l’idée d’ajouter des surpiqûres jaunes pour la distinguer d’éventuels concurrents. Sur la languette, il appose aussi la mention With Bouncing Soles (avec semelles rebondissantes) écrite à la main. Côté marketing, c’est le contexte de la Guerre froide qui l’incite à angliciser son nom pour « Dr.Martens ».
La première paire de Dr. Martens haute telle qu’on la connaît sort de l’usine de Cobbs Lane le 1er avril 1960. Le modèle en tirera son nom : 1460. Très populaire auprès des ouvriers, des artisans et des employés du métro londonien, la 1460 chausse également les postiers, puis les policiers. Longtemps ancrée dans le monde du travail et associée au prolétariat, la Dr. Martens deviendra un symbole underground et de rébellion grâce à des groupes de musique comme The Who dans les années 70, puis des mouvances controversées comme les skinheads ou les punks.
Ce n’est qu’à partir des années 80 que les femmes jettent leur dévolu sur les Dr. Martens pour casser les codes trop glamour et afficher leur envie d’émancipation. Au creux de la vague dans les années 2000, la griffe se réinvente en collaborant avec des créateurs comme Yohji Yamamoto, Jean Paul Gaultier et Raf Simons. Toujours avant-gardiste, Dr. Martens propose des modèles écoresponsables depuis 2008 et a même lancé une gamme 100 % végan en cuir synthétique. Aujourd’hui, elle revient sur le devant de la scène portée par la tendance rock, british et notre nostalgie pour la période grunge. La durabilité des 1460 est également un argument de choix pour les amoureux de la planète. Parions que la belle anglaise a encore de beaux jours devant elle.
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