Alone
On prend souvent nos amies célibataires pour de véritables âmes en peine, sortes de pauvres hères évoluant tristement dans le monde. Halte aux clichés ! Certaines font délibérément le choix du célibat. Pour elles, « single » rime tout simplement avec «happyness».
Plus je rencontre d’hommes, moins j’ai envie de me remettre en couple ! Cette petite phrase sortie de nulle part de ma copine Annabelle lors d’un diner entre potes m’interpelle… Ok mon ami Olivier, son voisin de table, n’a pas été d’une grande spiritualité ce soir, mais tout de même ! Je profite d’un remplissage opportun de lave-vaisselle dans la cuisine pour lui demander une explication. Que reproche-t-elle au couple ? Je sens bien qu’elle est un peu mal à l’aise devant tant d’insistance mais je suis tenace et elle finit par lâcher le morceau… « J’aime ma liberté ! Je jouis de ma vie sans contraintes et je suis ravie de ne plus avoir à faire de concessions pour un homme. Seule, j’ai enfin trouvé mon équilibre ! Pour le moment, il n’y a pas de place dans ma vie pour un fiancé », s’exclame-t-elle d’une voix limpide et claire… Face à ce cri du coeur, c’est moi qui commence à me sentir gênée. Je m’aperçois que ces six derniers mois, j’ai fait du zèle en lui présentant (sans lui demander son avis) tous les mecs libres inscrits au répertoire de mon iPhone. Depuis toujours, je n’arrive pas à m’imaginer qu’être célibataire puisse être un choix. Je repense à toutes ces phrases à la noix que j’ai balancées à droite et à gauche pour remonter le moral de toutes les filles seules que je croyais au fond du gouffre. Du coup, je me sens soudain ridicule vis-à-vis de celles que je côtoie et que je croyais réellement désespérées. Bonjour ma vision du monde ! Aujourd’hui, je me promets de rendre hommage à tous ces êtres bien dans leurs pompes qui n’ont pas besoin d’un couvercle à leur pot pour se sentir épanouis. C’est promis, j’arrête de jouer les marieuses et je proclame enfin que le célibat peut être une autre recette du bonheur !
Pour la plupart des gens, le célibat est avant tout vécu comme une situation involontaire. Associer systématiquement cet état à la solitude, c’est nier en bloc tous les amis, enfants et parents pleins d’amour qui peuplent nos vies. Depuis l’acquisition de notre première Barbie, on dirait que notre seul objectif est de séduire Ken pour obtenir la maison de nos rêves et la voiture ou les vacances qui vont avec. Comme si on avait besoin d’un homme pour réaliser nos rêves… Être célibataire éveille même des suspicions. Combien de fois avez vous pensé : c’est bizarre une si jolie fille célibataire, elle doit être trop exigeante, difficile à vivre, dépressive, un tantinet névrosée ou certainement très égoïste ? Bref, attention, être seule peut semer le doute ! Malgré l’épidémie de divorces qui surviennent inévitablement à l’aube de la quarantaine, on refuse de considérer le célibat comme un choix de vie potentiel. On peut aussi s’interroger sur l’expression « ma moitié » : comme si nous étions par définition des êtres inachevés… En outre, le célibat ne veut pas dire abstinence sexuelle. Les rencontres charnelles sans engagement se sont banalisées avec des sites comme Tinder et Gleeden ou avec la mode des « sex friends ». Aujourd’hui, on a le choix de se faire « croquer » sans avoir à dire « je t’aime ».
Le célibat apparaît généralement suite à une déception amoureuse vécue comme un fiasco personnel. On a souvent confondu amour passionnel et attachement. La violence de la fin de la relation nous a laissé des plaies béantes car on n’a pas su anticiper la fin de l’idylle. Refaire confiance n’est pas chose aisée. Parfois aussi, on se pose la question des mauvais schémas qu’on reproduit inlassablement. On décide alors de se reprendre en main, de se mettre « au vert » pour faire le point sur ses désirs profonds, retrouver l’équilibre et remettre le curseur sur ses vraies priorités. On tente ainsi de faire revivre son moi profond, celui qu’on a laissé de côté pour obtenir soi-disant plus d’amour et coller aux attentes de l’autre. Finalement, après une multitude de claques amoureuses, on devient prudente. L’instinct de conservation prime sur la pulsion de vie. Il peut y a avoir également un ras le bol des diktats de l’amour : on ne doit pas coucher le premier soir… Il ne faut pas confondre passion, amour et attachement… L’amour dure 3 ans, etc. Et la spontanéité dans tout ça ? On a la sensation qu’on doit tous s’aimer de la même manière. Par contre, on refuse catégoriquement de s’identifier aux couples qui se font face au restaurant sans s’adresser la parole. Se sentir seule à deux, il n’y a rien de plus pathétique et de plus destructeur pour l’amour de soi. C’est parce qu’on ne veut pas faire le deuil des rencontres spontanées ni céder au programme formaté des rendez-vous arrangés qu’on choisit d’être seule plutôt que mal accompagnée. L’amour n’est-il pas censé nous surprendre et nous exalter ? Ça viendra quand ça viendra, disent certaines, il n’y a pas d’urgence à aimer… Enfin, parmi les célibataires, n’oublions pas celles qui ont connu le vrai grand amour dans le passé mais qui l’ont malheureusement perdu à cause d’un accident ou d’une maladie mortelle. Comment accepter cette situation aussi cruelle que soudaine et involontaire ? L’amour, la loyauté et la fidélité se vivent parfois au-delà de la mort même lorsque l’un des deux n’est plus. Dans ce cas-là, le célibat est également un choix délibéré, la question ne se posant même pas. Si pour les unes le célibat est un cadeau grâce à la liberté qu’il induit, pour d’autres, c’est un passage obligé leur permettant de redéfinir leurs priorités ou de panser leurs plaies. L’adage dit : Pour être bien avec quelqu’un, il faut d’abord être bien avec soi-même. En tout cas, une chose est sûre : le célibat n’a pas que des désavantages !
TOO#24