Pour voguer incognito, le manipulateur sait faire preuve de mimétisme et d’une grande capacité d’adaptation… Caméléon, il sait se fondre dans l’ambiance, adopter les codes vestimentaires et linguistiques de sa proie et même se faire discret dans un premier temps si nécessaire.
Il s’agit de se mettre son interlocuteur dans la poche en le plongeant dans un état émotionnel positif sans qu’il en prenne conscience. Le manipulateur offre des petits cadeaux : un compliment sur des vêtements ou un teint frais, une solution à laquelle il a pensé pour vous, une petite attention (des fleurs, un pot de confiture fait maison, un café ou un cookie). Quand le manipulateur fait un compliment, il peut être sincère car il sait regarder l’autre de façon positive histoire de se mettre en jambe et se conditionner à l’attaque.
Ce qui différencie le manipulateur bienveillant du manipulateur toxique, c’est la demande. Le second vous pose des questions fermées pour vous conduire progressivement là où il le souhaite. Le premier vous demandera gentiment comment vous pouvez l’aider à résoudre son problème. Il exprimera sa problématique sans porter de jugement et vous laissera le choix de la manière. En vous laissant parler, il collectera des informations précieuses sur ce qui vous importe, ce qui lui permettra de vous influencer par des arguments adaptés. Il exprimera également en quoi sa demande est légitime. A contrario, le toxique utilisera la culpabilité pour vous pousser à accepter ses conditions. Et il n’hésitera pas à vous bloquer physiquement (en se mettant entre vous et la porte de sortie) pour accentuer la pression si nécessaire.
Utiliser la puissance du nombre pour faire douter l’autre est une arme de poids. Cela induit implicitement que vous n’avez pas la capacité de jauger la situation. Le manipulateur suggérera, sans en avoir l’air, que vous vous mettriez en marge de la société si vous n’acceptez pas le deal tel qu’il vous le propose. Attention, ce n’est pas parce que la majorité des personnes dans la même situation ont accepté ses conditions qu’ils ont lu les petites lignes du contrat… De même, le manipulateur aime utiliser des statistiques et des ratios invérifiables pour appuyer son point de vue. Il suffit d’ailleurs de lui demander sa source pour le désarçonner.
Le bazooka du manipulateur, c’est le choix imposé qui occulte toutes les autres tentatives de solutions. Car il le sait, un choix simple induit une réponse rapide. Le toxique utilise aussi le choix binaire entre une mauvaise option qu’il a choisie et une autre solution encore plus terrible. Ainsi il vous fait croire que c’est votre décision, alors que vous avez agi sous contraintes. Vous devez alors pointer la radicalité dont il fait preuve et l’obliger à envisager d’autres solutions. Il arrive également que les manipulateurs refusent en bloc une proposition ou un changement que vous avez proposé sous prétexte que la solution n’est pas parfaite. Pour sortir de cette impasse, il faut agir en deux temps : mettre en avant qu’aucune des solutions envisageables n’est idéale et que vous avez déjà procédé par élimination. Pour finir, demandez-lui quelle meilleure suggestion il a dans sa besace. Rien de mieux qu’une question ouverte pour manipuler un manipulateur.
Pour en savoir plus sur l’art de la manipulation, lisez aussi la partie 1 de notre dossier : Mauvais usages et bonnes pratiques.
TOO #46